Mes vacances : l’heure du bilan

tabihito

Ma dernière semaine de vacances est déjà bien entamée, c’est donc l’heure du bilan de cet été un peu spécial.

Pour la seconde fois en plus de vingt ans, je ne suis pas parti en vacances. Car comme je vis avec une mère âgée qui ne peut plus se déplacer facilement et qui n’y trouve plus son compte, je suis donc resté à la maison pendant un peu plus de 5 semaines.

Je devrais être dévasté, déprimé de ne pas avoir profité de la mer et de la plage où j’aime observer les comportements étranges des autres humains, mais en fait non. C’est même loin d’être le cas et à la lumière de mon expérience et suite à mes réflexions, je vais jusqu’à considérer peu à peu que les seules vraies vacances sont des vacances chez soi.

Pourquoi donc partir ? L’explication du masochisme latent imposé par notre culture de la souffrance que j’ai avancée dans cet article ne peut pas à elle seule justifier que toute une partie de la population se rue en même temps sur les mêmes routes pour partir en vacances. Le transport est déjà une souffrance en soi et arrivés sur place que fait-on ? On se fait arnaquer par des vendeurs qui proposent très chers des produits locaux artisanaux qui sont en fait fait très loin et en usine. On souffre de la surpopulation, on ne trouve pas de réelles attaches sur place car la population locale garde ses distances nous considérant comme étant des envahisseur nécessaires, on se baigne sous un pavillon bleu en pensant que ce label garanti une eau saine alors qu’en fait la plupart des polluants chimiques ne sont pas pris en compte… On peut encore continuer comme ça pendant une page…

Alors malgré tous ces désavantages et celui encore plus dissuasif du coût, la très grande majorité de la population part ou voudrait partir en vacances quitte à faire un crédit pour le faire.

Alors pourquoi ? Si l’on écarte le seul avantage réel qui est de pouvoir pratiquer des activités que l’on ne peut pas faire ailleurs, pourquoi tant de sacrifices pour un bénéfice si limité ?

La réponse est simple et je vais encore l’expérimenter lundi prochain à 9h00 du matin quand je vais retrouver mes collègues:

– « Alors t’es allé où cet été? Tu est parti au moins ??? »

Et oui les vacances sont un marqueur social très fort, dire que l’on est allé en vacances rassure le groupe. (Ah il est allé en vacances il a donc fait comme tout le monde et a prouvé qu’il avait sa place dans la meute en mettant sur pied le budget pour le faire). Et là pour appuyer encore un peu plus sa légitimité, il est de bon ton d’ajouter : « J’ai vu ça et ça, j’ai visité ça… » Ce genre de précision qui sous-entend que vous avez approfondi votre culture ce qui est là encore très socialement valorisant (alors que ce n’est en général pas le cas car même si vos sacs sont plein de brochures sur  les lieux que vous avez visité vous ne les lirez pas et ils finiront soit dans un tiroir soit à la poubelle).

Bref oui, à de rares exceptions près les vacances ça sert avant tout à se faire mousser en public. En règle générale on ne part pas pour soi mais pour les autres, pour leur prouver quelque chose ou pour justifier sa place dans un groupe social.

Cette charge contre les vacances n’est pas une façon pour moi d’évacuer ma frustration car très honnêtement je n’ai aucun regret de ne pas être parti et je ne suis pas du tout triste à l’idée de ne jamais revoir la mer.

Car oui, le seul bénéfice réel que je tirai de mes vacances à la mer était de pouvoir nager dans un espace immense sans risquer de toucher quelqu’un ( à la mer très peu de gens nagent, même les jeunes musclés se contentent de se baigner en faisant de grandes éclaboussures pour impressionner les femelles avant de revenir se coller à elle pour écarter les autres mâles) Moi j’aimais nager pendant de très longs moments (qui hélas au fur et à mesure de mon âge et de mon embonpoint se sont raccourcis) mais à présent en voyant la surpopulation estivale, l’état de la mer qui est si critique que même sur le rivage on se rend compte de l’ampleur du désastre et en pensant à ce qui se trouve dans l’eau que j’avale de temps à autres car je suis un piètre nageur, et bien non, je n’ai plus du tout envie de le faire.

La mer pour moi est devenue comme cette parente un peu éloignée que l’on va visiter à l’hôpital. On entre le cœur gros dans sa chambre, on voit que son avenir est  très sombre et on se dépêche de partir car c’est trop déprimant surtout que l’on s’attend à recevoir prochainement  le coup de téléphone qui nous informera de son décès.

Du coup je suis resté chez moi avec plein de projets que je n’ai pas mené à bien en prétextant soit la canicule soit le mauvais temps alors que ce n’est que ma très grande flemme et ma dépendance aux écrans qui m’ont écarté de ces accomplissements estivaux. Quant à l’argent je ne l’ai pas mis de coté, non, je l’ai dépensé pour m’acheter un appareil photo numérique plein format dont je rêvais depuis des années avec lequel je vais enfin pouvoir répondre de façon correcte aux demandes du travail et du monde associatif. Je compte aussi reprendre en main mon site sur les araignées dont j’ai retrouvé les codes et donc l’accès il y a peu de temps et pour le faire je vais devoir illustrer mon site avec mes propres photos en macro.

Donc oui, je ne suis pas déprimé, loin de là même! Mes collègues venues me voir au village en ont même été surprises.

Je ne sais pas ce qui m’attend cette année et l’année prochaine, mais si je peux repasser un été à rien faire chez moi et bien ça m’ira très bien.

4 réactions sur “Mes vacances : l’heure du bilan

  1. Salut Laurent,
    Comme toi je ne suis pas parti en vacances cet été. J’ai juste profité de l’une ou l’autre rencontre dans la région pour y faire un tour avec ma mustang ancêtre et papoter avec d’autres passionnés 🙂
    Il suffit d’ailleurs de lire « Vacances à tout prix » de Pierre Daninos pour comprendre qu’on est finalement mieux chez soi 😀
    bonne semaine,
    Frans

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  2. Hé ! 《si je peux repasser un été à rien faire chez moi et bien ça m’ira très bien.》
    Dis donc, c’est pas comme ça que tu vas remettre ton labo sur pied pour nous faire de beaux tirages ! 😏
    On devait faire des tirages croisés de nos négas. Pas sur qu’on y arrive !
    Nous on est « partis » mais pour retrouver ce qu’on a laissé « pas fait » l’an dernier, et qu’on retrouvera à faire l’an prochain…🙁 mais comme tu dis, on a fait plein de trucs pour les autres.
    Rémy

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