IC3PEAK, un cri qui vient de l’intérieur

Voici encore une coïncidence troublante, hier je parlais d’ordinateur portable et le groupe que je vais présenter aujourd’hui a aussi un lien avec les ordinateurs portables.

L’histoire commence à Moscou en 2012. lors de la rencontre entre Nastya Kreslina et Nikolay Kostylev tous deux étudiant à l’université d’état des sciences humaines de Russie. Ces deux personnes sont issues de familles de musiciens, (le père de Nicolay était chef d’orchestre et la mère de Nastya chanteuse d’opéra) et ont déjà des projets musicaux en cours chacun de leurs coté.

C’est en faisant plus ample connaissance et se rendant compte qu’ils fréquentent les mêmes personnes et ont les mêmes idées que Nastya et Nikolay décident de monter un groupe. Alors qu’ils cherchent un nom, ils voient un autocollant sur l’ordinateur portable de Nastya, un sticker publicitaire de la marque finlandaise Icepeak. Ils décident alors que ce nom à la fois froid et menaçant colle parfaitement à ce qu’ils veulent faire en musique et nomment leur groupe IC3peak car en remplaçant le « e » par un 3 ils évitent les procès pour utilisation d’une marque.

Nastya et Nikolay lassés des styles de musique populaires, décident alors de créer un style très particulier sur lequel on ne peut pas coller d’étiquette. Leur musique est très expérimentale et se situe entre musique électronique, witch house, trap, rock, métal, parfois même avec des incursions dans le hard bass. Par contre une chose ne varie pas, Nikolay compose la musique et Nastya écrit et chante les paroles.

Et ces paroles sont toutes sauf innocentes car ce groupe est une des rares formations musicales qui en Russie ose critiquer le régime autoritaire, la censure et toutes les choses qui viennent limiter les droits des russes. Leur façon de dénoncer les abus du pouvoir passe par des paroles simples de plus en plus claires et de plus en plus en russe et surtout par des clips pleins d’une violence graphique à la fois esthétique et terrifiante. Au fur et à mesure des albums, Icepeak élargit le propos en évoquant d’autres problèmes sociétaux russes comme la place des femmes, les violences familiales, l’alcoolisme, la drogue ou encore la militarisation de la société.

Leurs clips diffusés sur You Tube deviennent très vite populaires dans le monde entier, notamment en Amérique Latine et aux USA où le groupe va organiser deux tournées successives en 2015 et 2016. le groupe a aussi tourné en Europe et se préparait à refaire une tournée en 2020.

Au bout du cinquième album face à la popularité croissante de ce groupe subversif, la censure du régime commence à se mettre en place, les concert en Russie sont annulés et les tentatives d’intimidation commencent à se produire avec notamment une brève incarcération sans motif de Nastya et Nikolay pour empêcher un des concerts. Plusieurs salles sont aussi fermées et les financements deviennent de plus en plus durs à trouver ce qui pousse le duo à faire appel au financement participatif pour sortir leur troisième album.

Bien loin de se décourager, le duo qui se qualifie lui même de terroristes de l’audiovisuel, décide alors de devenir pleinement contestataire en se tournant vers le militantisme. Ils apparaissent donc par exemple dans un festival de protestation contre l’isolement de l’Internet Russe (le runet) ou encore le 30 Août 2019 en faisant un concert lors d’un rassemblement de 60 000 personnes pour le rétablissement d’un vrai droit de vote en Russie.

Pour ma part je suis tombé sur ce groupe par hasard et j’ai tout de suite aimé leur visuel sombre et tourmenté qui comme un écrin de velours noir vient mettre en valeur la superbe voix cristalline de Nastya. mes quelques notions de russe et mes recherches m’ont persuadé de suivre la carrière de ce duo atypique en espérant un jour pouvoir les voir sur scène.

Après cette longue introduction je vous présente donc non pas un mais trois clips de IC3PEAK le premier « Смерти Больше Нет » qui se traduit par « la mort n’existe plus », évoque le vécu des manifestants face aux forces du FSB, le second Plak Plak (qui est une onomatopée qui évoque des pleurs massifs et silencieux, « bou-hou » n’est pas assez fort pour traduire « plak plak »), a pour thème les violences familiales et met en scène une petite fille qui assiste au meutre de sa père par sa mère qui lasse de souffrir finit par craquer ( explication détaillée ici). Le troisième clip « la marche » parle de la militarisation de la société russe et des problème des armes en libre circulation. Les trois clips ont des sous-titres français (en anglais pour plak-plak) qu’il faut absolument enclencher pour tirer autre chose que du dégout de cette immersion dans l’univers violent et sombre de IC3PEAK.

Vous voici donc prévenu, si jamais vous supportez le visionnage de ces trois clips et si vous commencez comme moi par apprécier toute cette noirceur, n’hésitez pas à regarder leurs autres vidéos comme « fairytale » ou « sad bitch » car là vous allez devenir accrocs ! 😈

6 réactions sur “IC3PEAK, un cri qui vient de l’intérieur

  1. C’est du lourd, ils ont un style bien à part !!
    Musicalement, j’aime bien, mais le clip est assez spécial 😅
    c’est super original
    merci pour cette découverte très décoiffante, qui sort bien des sentiers battus 😉
    je t’embrasse Laurent 😘
    belle découverte

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    • Coucou Corinne ! Et bien IC3PEAK c’est assez spécial mais en même temps j’ai bien pris le temps en faisant des recherches pour expliquer le pourquoi de leur univers sombre et violent. La semaine dernière le monde était soucieux du sort d’un opposant politique célèbre, je me suis dit que c’était donc le moment de parler de ce groupe. Mais même avec les meilleures intentions et du travail de recherche , oui je dois avouer que ça déboussole un peu… 🙄 😆

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