Archive du mercredi 30 septembre 2009
La grande exposition
Aujourd’hui, avec les enfants du club photo, nous avons mis en place notre première exposition, voilà à quoi ça ressemble en mode flouté comme il se doit.
Chaque mois, chaque enfant choisi quatre de ses photos que j’imprime avec le plus grand soin chez moi et les six enfants choisissent en votant leur photo préférée qui sera élue photo du mois et qui sera accrochée en gros au milieu du tableau. Ce mois-ci c’est la photo d’une gamine qui a photographié Marie Aline sans doute mieux que je ne l’aurai fait !
Ce petit concours n’est qu’une façon de les encourager à s’investir encore plus dans cette activité, les autres l’ont très bien pris sans bouder et étaient très heureux de tirer les adultes et leurs copains par la manche pour leur montrer leurs propres photos.
Ce panneau placé juste à coté de la porte d’entrée est vraiment un élément central de mon objectif de valorisation du travail des enfants, il est complété par un cahier que chaque enfant montre à ses parents, mais je ne vais pas m’arrêter là car j’ai encore beaucoup d’autres idées pour aller dans ce sens.
La première fois que j’avais pensé à ce projet, déjà je réfléchissais à cette tendance bien réelle je l’accorde, pour les éducateurs et autres professionnels accompagnant les enfants de mettre en place des activités avec des techniques qu’ils aiment puis de trouver quelques gesticulations intellectuelles pour en faire un projet.
Cette année encore je me suis posé la question de savoir ce que la photo argentique pouvait apporter aux enfants et j’en ai parlé avec toute mon équipe pour mettre au point un projet qui soit bénéfique pour chaque enfant qui se trouve responsabilisé et reconnu voire valorisé.
L’idée du roman photo nous l’avons eu et nous l’avons mené à bien, la formidable histoire de Mr Lapin a été publiée dans le journal de l’école et se trouve sur notre site Internet. Mais cette année je voulais changer un peu et travailler avant tout avec les envies des enfants tout en gardant à l’esprit leurs besoins.
La petite Mireille (ce n’est pas son vrai prénom) est une gamine un peu ronde et maladroite qui ne reçoit que très peu de soutien et d’encouragement de sa famille qui ne perçoit l’enfant que sous l’angle du handicap, ne regarde que ce qu’elle ne sait pas faire. Mireille n’a jamais d’envie personnelle, n’ose pas prendre une place, demander quelque chose pour elle-même, elle se contente de faire de son mieux pour les autres sans jamais rien réclamer.
L’année dernière déjà, cette jeune fille de 11ans avait demandé à faire de la photo. Cela avait été un petit choc pour l’équipe car c’était la première fois qu’elle s’autorisait à demander quelque chose pour elle-même.
Cette année je l’ai inscrite dans notre atelier et je lui ai mis un Dynax 300si autour du cou. La semaine dernière elle propose que nous allions photographier des chevaux, là encore elle s’autorise à demander quelque chose, à travers cet atelier, l’émergence d’un désir, l’affirmation d’un choix devient enfin possible pour elle.
La semaine dernière lors de la réunion des parents le grand père de la gamine se moque d’elle quand elle parle fièrement de son appareil photo et dit devant la gamine qu’elle n’y arrivera pas. Le cahier avec les première photo de la jeune fille l’aidera sans doute à avoir un autre regard sur l’enfant ce qui sera vraiment très bénéfique pour elle.
Des histoires comme ça j’en ai encore 5 autres, une par participant.
La photographie argentique porte en elle des valeurs éducatives importantes qui sont d’autant plus vitales qu’elles s’opposent aux déviances « psychotisantes » de notre société de consommation et de la culture de l’immédiateté (tout , tout de suite), bon, là je fais un peu de militantisme mais en clair l’un des aspects essentiel de cet atelier c’est apprendre aux enfants à travailler sur la durée en prenant le temps de faire les choses correctement et en acceptant la frustration formatrice de l’attente…
Le but de l’atelier n’est pas d’en faire des photographes, l’année dernière j’en ai trop demandé avec les réflex manuels. j’ai bien réfléchi au sens de tout cela et aujourd’hui je suis très clair par rapport à mes objectifs, je souhaite seulement que les enfants apprennent juste assez de bases pour faire des photos dont ils seront contents et qu’ils auront choisi de faire en suivant leurs envies ou les demandes des collègues.
La photo argentique n’est qu’un outil à travers lequel j’aide des enfants à avancer par rapport à une problématique qui souvent est au cœur de leur projet individualisé. Nous ne faisons pas des photos pour produire des images, j’accompagne les enfants dans une démarche de photographie argentique car cet outil me permet d’intervenir sur certains de leurs problèmes d’une façon efficace adaptée et avant tout individualisée.
Le projet est transversal à de multiples égards puisqu’il concerne l’éducatif le pédagogique, les spécialistes tous les groupes…
Bon, je me calme…
J’ai fait mon mémoire sur l’outil informatique mais si c’était à refaire je l’aurai fait sur mon projet photo, je l’aurai défendu avec encore plus de cœur et de tripes.
13 ans plus tard les enfants ont toujours envie de faire de la photo mais moi beaucoup moins d’en faire avec eux. Il devient de plus en plus difficile de les intéresser à autre chose qu’à appuyer sur le bouton et c’est bien dommage… Le public a changé, je dois trouver d’autres supports en gardant cet outil sous le coude bien sûr !