Il existe des animes qui marquent de façon profonde et durable. Speed Grapher fait partie de ceux-ci.
C’était en 2005 j’attendais avec impatience ce nouvel anime dont j’avais vu des teasers montrant une violence graphique très intéressante. J’étais loin de me douter que cet anime était en fait une œuvre très aboutie qui allait me hanter encore longtemps…
Cet anime se déroule dans un monde dystopique mais hélas bien trop proche du nôtre. Tatsumi Saiga, ancien photographe de guerre, enquête sur une organisation ayant peut-être un lien avec un carnage, perpétré quelques jours plus tôt, durant lequel cinq politiciens s’opposant à une loi sur la pharmaceutique ont été tués. Il infiltre pour cela dans un club secret réservé à l’élite appelé Roppongi Club. Il est découvert alors qu’il tente de photographier la « déesse » de ce club, une jeune fille de 15 ans appelée Kagura. Alors qu’il est sur le point d’être tué, il reçoit un baiser de Kagura qui lui donne le pouvoir de détruire tout ce qu’il photographie. Il découvre alors que les fluides corporels de Kagura (sa salive par exemple) confèrent à ceux qui les absorbent d’étranges pouvoirs en rapport avec leurs plus secrets désirs ou obsessions. D’où l’assiduité des membres du club qui n’attendent qu’une chose : recevoir le baiser de la « déesse ». Cette série met donc en scène un homme caoutchouc, une croqueuse de diamant au sens propre et tant d’autres monstres aussi immoraux que fascinants. Saiga va alors tenter de délivrer Kagura du club et de la firme qui le manage, une grande entreprise pharmaceutique appelée Tennōzu Group. Il est pris en chasse par les agents de la firme dirigés par un dénommé Suitengu et les plus redoutables membres du club, armés de leurs pouvoirs.
Alors oui, le pouvoir que va acquérir Saiga est bien sûr une métaphore du pouvoir de la presse et plus particulièrement du photojournalisme qui permet de dévoiler la corruption et les autres scandales mais l’intérêt de cet anime ne se limite pas à cela. En dehors des monstres pervers transformés par Kagura, les « méchants » de cette œuvre se révèlent être bien plus complexes que prévu et la découverte de leurs vrais motivations à la fin de la série est tout bonnement hallucinante. Cet anime a aussi le don de montrer le lien entre le pouvoir et la corruption et d’illustrer la nature profondément inégalitaire de nos sociétés modernes, où les riches monopolisent les ressources et s’adonnent à leurs vices en étant protégés par les pouvoirs publics qu’ils contrôlent, tandis que les autres tentent de s’en tirer laborieusement avec leurs moyens limités.
Ce qui fait de cet anime une œuvre profondément choquante ce n’est donc pas cette belle violence graphique mais bien la violence symbolique de l’oppression des nations par un groupe de privilégiés amoraux et au dessus de toutes les lois. Bref une image assez juste de nos sociétés modernes, non ? 👿