Plus le temps passe, plus je me rends compte que j’ai de plus en plus de choses en commun avec mon vieux siamois âgé de 19 ans. Je compense avec la bouffe, je n’aime plus trop être seul et si je pouvais passer la vie dans mon lit je le ferai volontiers.
Mais une autre similitude dans nos expériences de vie vient de se révéler à moi, nous avons tous les deux perdu notre territoire.
Mon chat n’ose plus sortir de la maison ou alors 30 secondes car des autres chats plus jeunes se sont appropriés notre jardin et n’attendent qu’une chose : le chopper pour lui foutre une raclée histoire de bien lui faire comprendre qu’il doit rester à la maison et que mon jardin n’est plus son territoire.
De mon coté aujourd’hui j’ai voulu ressortir la tondeuse pour tenter de lancer une nouvelle offensive contre la forêt vierge qui me sert de pelouse mais l’arrivée de trois bonhommes demeurant dans la maison d’à coté m’a dissuadé. Ils s’installent sur l’immense terrasse qu’ils ont bâti contre mon jardin, le fait qu’ils soient en hauteur les rends encore plus présents, j’ai l’impression qu’ils sont chez moi. J’ai beau baisser la tête, faire comme si ils n’existaient pas, je sens leurs regards, leurs jugements. Je les imagine même penser des trucs du genre : « Tiens voilà le gros tas d’à coté qui va essayer de tondre sa forêt vierge avec sa petite tondeuse électrique, mais quel con ce type, en plus lui il ne travaille pas en Suisse, il n’a pas de bonne femme… Mais quel looser… »
Et du coup je fais comme mon chat je rentre à la maison la queue entre mes jambes.
Je ne supporte plus ce vis à vis, les palettes mises à la hate aujourd’hui par ces voisins avec qui je n’ai jamais échangé un mot, ne suffisent pas à calmer mon malaise. J’imagine peut-être les choses mais l’absence total d’échanges entre eux et moi et les regards qu’ils me lancent ne peuvent que me pousser à envisager de leur part un mépris de classe et de culture. J’aimerai avoir assez d’argent pour faire un mur de trois mètres pour pouvoir enfin profiter à nouveau de mon jardin.
Cela n’est hélas pas possible, du coup une seule solution : travailler le mercredi après midi. Et maintenant ? Et bien rien de spécial, je vais retourner trier le bazar dans mon garage… 😥