Voyage dans le monde des névrosés

Mise en ligne sur la très belle chaine You Tube des Gobelins, cette œuvre magnifique et très touchante montre à travers le biais du fantastique ce que les grands névrosés doivent affronter chaque jour. Chaque irrégularité, chaque dérangement aussi infime soit-il dans un ordre bien établi est très difficile à gérer et entraine une réponse chez la personne qui vient prendre la forme d’un trouble du comportement.

Se laver les mains sans cesse, secouer la poignée de la porte des dizaines de fois, la ré-ouvrir la refermer… Tout cela constitue l’enfer des grands névrosés et de certaines personnes présentant des troubles du spectre autistique.

Cette ouvre me touche beaucoup car même si c’est à un degré bien moindre, moi aussi je lutte contre ces démons au quotidien.

Gestion de fond vert gratos

C’est bientôt la grande lessive, une opération d’arts visuels qui se déroule sur le plan national du moins pour les écoles et les enseignants qui souhaitent y participer.

En ce qui nous concerne nous adorons ces deux rendez-vous annuels et pour l’édition d’Octobre le thème étant « tous des oiseaux ? » très vite l’idée de faire poser les enfants couché sur le ventre sur un banc recouvert de mon drap vert se dessine. L’idée est de découper les enfants sur fond vert pour les transformer en oiseaux survolant le pays de leur choix.

OK pas de soucis ! ça je sais faire…

Mais hélas je découvre que mes versions gratuites de photoshop sont bridées et ne permettent pas d’accéder aux fonctions de détourage fond vert.

C’est alors que je découvre après quelques dizaines de minutes de recherche un logiciel qui fait très bien le boulot.

En plus de ça il permet de télécharger gratuitement une prévisualisation basse définition du travail en cours.

Il s’agit de https://fr.clippingmagic.com/ , on se sait jamais ça peut servir… 🙄

Le luxe de l’ennui

Ce lundi j’ai été obligé de sanctionner un des enfants de mon groupe qui avait fait l’andouille à table en s’amusant et en amusant d’autres enfants plus en difficulté avec la prise des repas.

J’ai donc refusé de lui donner son matériel de dessin pendant la récréation après la cantine. C’est vrai que cette sanction est un peu dure mais du fond de mes tripes d’éducateur je savais que c’était la bonne décision.

L’enfant cependant n’en démordais pas, il se pend à son bras et se transforme en mitraillette à « s’il te plait » (s’il te plait lève la sanction). Je lui réponds que non et qu’il a besoin de comprendre par le biais de cette sanction. Au bout de 20 minutes le voici qui part cueillir trois fleurs de pissenlits et me les donne en accompagnant son geste d’un vibrant « Je t’aime ».

Amusé je maintiens tout de même ma position en lui réexpliquant pour la énième fois le pourquoi de la sanction et là il finit par me lancer avec un syntaxe approximative (on y travaille) : « mais je m’ennuie moi ! »

Et c’est là que je lui lance sans trop réfléchir une remarque un peu limite. Je lui rétorque donc qu’il a bien de la chance de s’ennuyer car seuls les enfants peuvent expérimenter ce sentiment.

Alors si on dépasse le débat sur la question de savoir si oui ou non je pouvais dire cela à un enfant qui ne peut pas comprendre tout à fait ce que cela veut dire, force m’est de constater que oui, en devenant adulte j’ai oublié cette sensation désagréable et déstabilisante, celle de l’ennui.

Entre mon travail, les corvées de la maison qui désormais m’incombent ( je tape ce message pendant que ma quiche finit de cuire) et mes passions que je tente de préserver, je n’ai pas une seconde à moi. C’est bien simple, j’ai l’impression de ne pas pouvoir me donner à fond dans aucun domaine mis à part le travail par manque de temps.

Car oui le temps que je passe au travail est régulé, fixe et aménagé, j’ai des temps de préparations et de rédaction des dossiers et des temps d’activités, j’arrive à tout faire car je suis à l’aise avec les écrits et parce que je connais bien les enfants que j’accompagne mais parfois je dois déborder et ramener du travail à la maison.

Mais pour le reste c’est à dire mes corvées et mes passions, cela devient plus difficile. Au niveau de mes cours de basse je stagne un peu faute à un prof parti en Grèce pendant un mois et à une désorganisation de mon temps libre. pour les corvées je m’organise au jour le jour et pour l’instant j’y arrive péniblement mais bon, la maison est encore debout.

Et là une fois de plus en lisant ce que je viens d’écrire en démarrant sur l’histoire de l’enfant qui s’ennuie (si seulement il pouvait réaliser sa chance !) et bien je commence à voir la solution à mon problème. je dois structurer mon temps libre de la même façon que mon temps de travail.

Et oui je dois me faire un emploi du temps mêlant, cuisine, lessive, ménage, et plaisirs.

Et en faisant cela je comprendrai enfin qui qui m’interdit de trouver du temps libre pour les corvées et mon plaisir.

Et il y a fort à parier qu’il s’agisse des écrans ! 😈

Dumbo canin

Les lundis bêtes se suivent et ne se ressemblent pas.

Aujourd’hui nous apprenons (avec bonheur) qu’un nouveau record mondial a été homologué le week-end dernier par le livre Guinness des records.

Voici Lou un chien de la race Coonhound, (une race américaine de chien de chasse) qui du haut de ses trois ans vient de décrocher le record officiel du chien vivant avec les plus longues oreilles au monde.

Sa maitresse s’était rendue compte de la longueur des oreilles de sa chienne mais c’est en mesurant les esgourdes de sa compagne canidé qu’elle a décidé de contacter l’agence Guinness qui après une mesure exacte à 31,45 cm a donc déclaré que Lou était la chienne vivante avec les plus grandes oreilles au monde.

Et pour les esprits chagrins, non la chienne va bien, pas de complications vétérinaire, le seul souci réside dans la fréquentation des humains qui veulent tous tripoter les oreilles de cette pauvre Lou qui si elle pouvait parler, dirait qu’elle se serait bien passée de ce record aussi fantasque que vain. Regardez sa photo, elle ne semble pas si heureuse que ça de cette publicité malvenue.

Sur le vif

La semaine dernière alors que j’accompagnais un des enfants du groupe vers son père qui vient la rechercher tous les midis, je passais une fois de plus entre les dames de la cantine qui faisaient leur pose clope sur les escaliers devant l’école.

Ces dames font partie d’une catégorie de personnel qui change très souvent, à une exception près.

Cette exception c’est Mélanie notre Marry Poppins de la cantine qui veille sur le bien être des enfants pendant les repas depuis bientôt 5 ans. Je me souviens de son arrivée et de sa volonté d’imposer les petites assiettes à dessert pour que les enfants mangent leurs desserts et fromages dans une assiette propre quitte à faire plus de vaisselle. Une vraie héroïne inconnue, une de plus !

Alors voilà le décor est planté. Ce jour là je trimballe avec moi mon Fujica ST801 et son 135mm. Mon idée est de finir le film commencé la veille avec les enfants de mon groupe photo. Du coup je me lance. Après avoir redonné la petite à son père, je braque mon 135mm sur Mélanie qui, rigole en disant « Non pas moi ! » Elle finit cependant par se laisser convaincre mais pose comme un piquet de pâture.

C’est alors que j’ai une idée stupide que faute de filtre je mets à exécution dans la foulée. Je fais ma mise au point et je lance un vibrant « tu m’aimes?  » Et là elle éclate de rire à l’instant même où je déclenche ce qui a donné cette photo techniquement nulle et un peu floue mais pour moi pleine de vie et de joie.

Fujica ST801, Fujinon EBC 135mm 2,5, film Vista 100 périmé, développement maison avec de la chimie pourrie, scan V700.

Si il y a bien quelque chose que chaque photographe devrait comprendre et appliquer c’est la philosophie de Diane Arbus pour qui le sujet de la photo est bien plus important que la photo elle-même. Là mon sujet c’est fixer un petit moment de bonheur induit par une plaisanterie un peu stupide mais innocente.

Du coup, le jour où je parviens à faire passer ce message sans mon baratin et sans que ce rendu pourri ne débecte les personnes qui verront cette photo, et bien je jugerai cette photo comme réussie.

C’est bizarre mais ça me donnerai presque envie de continuer comme ça avec mes collègues et en faisant du 35mm de façon sérieuse avec du film et de la chimie fraiche… Chiche ? 🙄

Nouveau projet

Voici le coin calme que j’ai aménagé avec ma collègue dans notre salle éducative. Vous remarquerez peut-être sur cette photo floue prise à l’arrache la présence d’un aquarium.

Cet aquarium trainait dans le couloir depuis des semaines et du coup j’ai fini par le revendiquer pour notre classe/groupe.

Et je vais en faire quoi ? Et bien j’hésite entre un élevage de phasme ou deux mantes religieuses. dans un cas comme dans l’autre ça sera très intéressant pour les enfants ! A suivre donc… 🙄

Archive de rebelle

Archive du Dimanche 24 septembre 2006

Cher Francis,

                     Ce matin au réveil j’ai eu du mal à me remettre en tête les évènements d’hier. J’ai passé une journée entière derrière une buvette à servir des canettes de sodas à plus de 600 gamins et gamines. Très vite la fatigue m’a poussé à vouloir m’amuser un peu afin de trouver un peu de plaisir dans cette tache aussi morne que répétitive.

C’est alors qu’avec la complicité d’une jeune fille qui servait avec moi j’ai commencé à mettre en vente à la buvette des objets personnels que j’avais sur moi. Je n’ai eu aucun mal à vendre pour 3 euros de barre chocolatées et de petites bouteilles d’eau. Le but n’était pas de faire un profit mais de voir si les gens achèteraient ce que je leur proposait.

C’était trop drôle, vraiment…

L’autre jeu idiot consistait à jeter le trouble entre deux individus. Pour ce faire il fallait que deux personnes de ma connaissance n’ayant aucun lien entre elles soient présentes au même moment. Je me tournais vers l’une en lui disant mais tu ne dis pas bonjour à X? tu te rappelles pas de X ? En insistant avec le plus grand sérieux je parvenais à ce qu’elles se triturent les méninges pour se trouver une histoire commune. Moi bien sûr je m’éloignais pour savourer le spectacle à bonne distance en m’esclaffant avec ma complice.

Autres délires; se faire passer pour des sociologues qui travaillent à la buvette pour observer la sociologie des grands rassemblements de la jeunesse chrétienne »…

Et tant d’autres bêtises… J’ai du effrayer pas mal de monde avec ma folie frénétique comme par exemple la responsable du rassemblement venu nous demander de fermer la buvette pendant la messe et à qui j’ai répondu que pourtant il n’y avait rien de mieux qu’un bon coca pendant l’anamnèse… Je vois encore son regard choqué et chargé d’incompréhension…

J’ai prêté mon appareil photo numérique à une collègue sur les lieux je vais donc avoir du mal pour la photo de la semaine… Mais bon c’est pas ça qui va m’arrêter…

C’est clair je me marrais bien dans le temps… Pas de honte j’assume ce coté lourdingue limite pervers de ma personnalité. :lol:

Un sketch avec une conclusion bien sentie…

Hier en Allemagne l’escalade du conflit contre les opposant au passe sanitaire a fait une première victime, un jeune vendeur de 20 ans dans une station service abattu d’une balle en pleine tête par un client qui refusait de porter le masque. Détails ici.

Alors on arrête le délire, on respire, on prend du recul et on regarde des sketchs rigolos sur la question !

La race humaine est vraiment à bout de course…

En quête de sens

Le fait de vivre avec une personne âgée en plein processus de sénescence est une perpétuelle souffrance ainsi qu’une source d’inquiétude lorsqu’il s’agit d’un membre de sa famille proche. Hélas c’est aussi un appel à s’interroger sur la façon dont je vais vivre ma propre vieillesse, si j’en ai une (ce qui est loin d’être sûr) et sur, n’ayons pas peur des mots, le sens de ma vie.

Et si pour une fois, allez disons juste ce soir, nous tentions de voir les choses en face ? Nous naissons en sortant d’un trou puis en vieillissant nous nous rapprochons doucement d’un autre trou creusé dans le sol avec la consolation d’avoir enfin son nom gravé dans le marbre. Une existence dominée par une seule perspective; celle de l’abîme.

Car oui, ne faisons pas comme ceux qui semblent penser que la mort est un choix qu’il suffirait de ne pas faire mais au contraire embrassons-là sans crainte comme cela était le cas dans le monde d’avant où elle avait sa place parfois célébrée à travers certains rituels.

Accepter la mort ce n’est pas penser à elle tous les jours ni déprimer, c’est au contraire être heureux de se réveiller chaque matin pour avoir une nouvelle journée pour trouver un sens à nos existences.

Certaines personnes se tournent vers la religion et tentent de faire le bien autour d’elles pour gagner une place vers le monde d’après. Je ne vais pas lancer le débat sur les religions vu que je suis plus ou moins chrétien mais je peux sans hésiter supprimer la piste religieuse du sens de la vie pour une raison simple : personne n’est apte à déterminer ce qu’est le « bien » pour autrui. Kant écrivait que  » Vouloir le bien d’autrui est la pire des tyrannies » et je suis bien d’accord avec Manu vu que j’avais écrit cette phrase sur un des panneaux de mon ancienne salle éducative.

Une autre piste celle des biens matériels est encore plus facile à éliminer comme but à atteindre dans sa vie. Amasser des trucs en répondant à des besoins créés par un modèle capitaliste autodestructeur procure un peu de joie mais jamais de bonheur et ne peut être un but dans la vie.

Avoir des amis aimer ? Là encore je raye de la liste car pour moi un meilleur ami ce n’est qu’un pire ennemi qui ne m’a pas encore trahi et faute de n’avoir jamais été aimé, pour moi le sentiment amoureux n’est qu’une forme de psychose permettant à deux personnes d’oublier quelques temps la réalité de leurs solitudes existentielles. Tous ces liens que l’on tisse dans une existence ne sont que des étincelles d’espoir dans le vide de nos vies et en dehors des amours imaginaires magnifiés dans les arts, ne survivent que le temps de passer à d’autres liens qui connaitront le même sort.

Fonder une famille ? Non ce mioche que tu attends devant la maternelle ne changera pas le monde même si c’est ce qui est écrit sur le T-shirt que tu lui a acheté, il ne fera que cracher son CO2 pendant quelques décennies et finira par trahir tous tes espoirs après avoir renié toutes les valeurs que tu auras tenté de lui transmettre. Alors bravo à ceux qui ont encore le courage de faire ce choix courageux, mais pour moi perpétuer l’espèce et transmettre mes gènes n’est pas non plus un sens à la vie.

Et là il reste quoi pour un type comme moi un peu trop lucide et désenchanté ?

Et bien il reste ma philosophie personnelle, mon unique raison de vivre et d’attendre le lendemain. Je vais donc vous donner ce qui pour moi est le vrai sens de la vie. Rien que ça !

Avouez que vous ne vous attendiez pas à ça ce soir ! :mrgreen:

Cependant bien loin d’être une blague cette théorisation et le modèle qui en est la suite logique est le fruit d’une déconstruction des mythes humains. J’ai donc mis à plat notre condition pour regarder ce que nous pouvions faire dans les limites réelles qui sont les nôtres.

Pour moi le sens de la vie se résume en trois verbes :

  • Expérimenter : c’est à dire découvrir de multiples choses à travers ses sens, nourrir chaque jour sa curiosité et garder sa capacité à s’émerveiller pour avoir envie de faire de nouvelles expériences donnant naissances à de nouveaux ressentis.
  • Apprendre : c’est donner du sens à ces ressentis les comprendre, les intellectualiser et les organiser, capitaliser les expériences pour au final comprendre et acquérir de nouvelles aptitudes et connaissances sources d’épanouissement, de compétences personnelles et de petits moments de bonheur.
  • Transmettre : car oui avec ou sans descendance, le devoir de chaque être humain c’est de passer le relais, c’est à dire permettre à d’autres qui le souhaitent de suivre nos cheminements voire nos passions. Nous en tirons une certaine reconnaissance au sens philosophique donné par Paul Ricœur et nous permettons à d’autres personnes d’acquérir dans un premier temps nos connaissances et nos techniques avant qu’elles les fassent évoluer, progresser ou disparaitre pour les adapter aux nouvelles réalités des générations suivantes.

Le sens de la vie c’est aussi simple que cela ! En plus de cela mon modèle que je nommerai eatéiste ( EAT : Expérimenter, Apprendre, Transmettre car oui les acronymes c’est trop tendance) fonctionne selon une dialectique simple, logique et efficace et est emprunt d’altruisme. C’est aussi un modèle profondément humaniste et philanthrope vu que pour expérimenter, apprendre et transmettre on a forcément besoin d’autres personnes. L’eatéisme est également foncièrement égalitaire car pour progresser l’humanité a besoin de toutes les participations eatéistes aussi modestes soit-elles. Découvrir et partager le remède contre une maladie grave et découvrir et partager le moyen de nettoyer les taches de ketchup sur les habits sont tous deux des apports eatéistes qui font progresser l’humanité car dans le futur on voudra vivre sans maladie et propres ! 😆

Bon c’est trop abstrait ? Vous voulez un exemple d’eatéisme? Et bien tiens… Prenons la musique… Tout petit j’ai expérimenté la musique en l’écoutant et plus tard en cherchant à la faire couler de mes doigts j’ai commencé à l’étudier en apprenant auprès de plusieurs professeurs et à présent à mon petit niveau je transmet à la fois ma passion pour cet art et j’apprends aux enfants qui en font la demande et pour qui cela a un sens à jouer d’un instrument ce faisant je transmet mon savoir à des enfants qui plus tard continueront peut-être à étudier la musique en se rappellent de leur vieil éducateur…

l’eatéisme tel que je l’ai théorisé ce soir est bien sûr une philosophie personnelle qui combinée à la « get down on it » attitude évoquée la semaine dernière me permet de survivre d’avancer et d’espérer. Mais faites donc l’exercice vous-même je suis sûr que vous aussi vous avez déjà expérimenté une démarche aeatéiste. Et franchement cela n’est-il pas un formidable outil (et peut-être le seul vraiment viable) pour continuer à espérer tout en donnant un sens à nos existences ?

Bon, vu que je viens de résoudre une des grandes énigmes que l’humanité s’est posée je pense avoir le droit d’aller boire une bière sur mon balcon en regardant les vaches qui au lointain vont à la traite du soir. Non ce n’est pas très eatéiste comme démarche sauf si je parviens à intellectualiser et à partager les petits moments de bonheurs qui sont logés dans ce rituel des bonnes journées. 😎