Jeudi 29 mai 2008

Cher Francis,
Au fin fond du paléolithique il y a environ 500 000 ans, dans des conditions qui aujourd’hui encore restent mystérieuses, l’homme découvre le feu puis les aliments cuits. C’est une rupture radicale dans l’évolution. Aujourd’hui encore, nous sommes les seuls sur cette planète à consommer des produits cuits. Le reste du règne animal se contente de manger ce qui l’entoure tel quel sans pour autant s’en comporter plus mal.
Le néandertalien s’éteignit parce que son alimentation se composait à 90% de viande, son goût pour la chair animale lui fut fatal car dès que le nombre de proies diminua, la fin de l’ère néandertalienne sonna, il fut remplacé par un petit nouveau, Homo Sapiens, qui survécu certes grâce à son intelligence, mais aussi grâce à son appétit varié.
Mais ne nous sommes nous pas de nouveau engagés dans une impasse évolutive avec notre nouvelle consommation de viande qui ne cesse de croître?
« Homo numericus » est en train de gaspiller les ressources limitées de sa planète pour nourrir son appétit grandissant pour la chair animale. Depuis que l’homme s’entête à industrialiser la production de viande, il dévie ses propres ressources vers la population animale qui ne cesse de grandir. depuis 1950, la quantité de bétail destinée à être consommé par l’homme a été multipliée par 5 dépassant ainsi en nombre la population humaine. Nous sommes aujourd’hui un plus peu de 6 milliards d’êtres humains sur cette planète et les animaux destinés à être servis dans nos assiettes sont au nombre approximatif de 15 milliards.
Pour arriver à l’age d’abattage, ces derniers ont besoin d’eau, de graines, et de céréales.
Alors voici quelques chiffres étourdissants qui valent le détour:
– Pour produire un kilo de blé il faut 1000 à 2000 litres d’eau alors qu’ il faut 10000 à 13000 litres d’eau pour produire un kilo de bœuf
– Pour produire un kilo de viande de bœuf prête à être consommées, il faut lui fournir 13 kilos de nourriture, 13kg pour 1kg !
– Pour chaque kilo de viande de bœuf consommable, l’animal produit 40 kilos de déchets; excréments, os, tendons, liquides qui ne seront pas consommés par l’homme.
– L’industrie de la viande consomme plus de 45% des céréales mondiales
– Depuis 1950 nous sommes passés d’une consommation par an et par habitant de 18 kilos à 35 kilos en 1990 et ce chiffre ne cesse d’augmenter. En chine on passe de 20 kilos de viande par personnes et par an en 1980, à 50 kilos en 2007.
Cela créé une forte demande de plus en plus intensive sur les moissons et laisse de moins en moins de place à la culture destinée à la consommation humaine directe.
Au final, la viande est produite au détriment des plus pauvres, une grande partie des terres cultivées qui servaient à les nourrir est aujourd’hui déviée à la nourriture réservée au bétail.
Bien loin d’augmenter la capacité à produire de la nourriture pour les humains, l’industrialisation de la production de la viande la réduit.
Et évidemment elle augmente les profits des gros producteurs.
Le bétail, qui se nourrissait tout seul en broutant l’herbe alentour, est maintenant alimenté par l’homme, graines, céréales, farines et mélanges de protéines issues des carcasses d’animaux.
Conclusion logique : En mangeant de la viande, nous ne faisons qu’affaiblir notre capacité à nourrir la population humaine en constante augmentation, sans parler du fait que la production intensive de viande requiert l’usage d’énergie fossile pour le transport, de fertilisant synthétiques, d’engrais et surtout d’eau.
– 1 kilo de bœuf, a pour effet secondaire, l’émission de 24 kilos de CO2 alors qu’un kilo de céréales en émet moins d’un kilo.
Nos besoins en protéines, argument avancé pour cette production excessive de viande, pourrait parfaitement être couverts par une nutrition végétarienne et équilibrée. S’abandonner à la consommation excessive de viande parait donc un total non-sens surtout qu’une alimentation trop riche en protéines est à l’origine de nombreux problèmes de santé tels que perte de calcium, déshydratation chronique, troubles cardiaques, problèmes de foie et de reins.
En cherchant des solutions à la crise des prix qui flambent et à la nature qui se déchaîne suite à nos émissions excessives, « homo numericus » ferait mieux de se poser une question essentielle:
» Mais qu’est-ce que je bouffe ? «
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