Mourir de chagrin d’amour…

Aujourd’hui pour mon dernier jour de non anniversaire, j’ai une grosse envie de vous présenter non pas un site ou une chaine You Tube mais un groupe de musique qui vient de sortir un album qui est très bien placé pour devenir la bande originale de mon été 2021. Il s’agit de L’Impératrice.

Ce groupe qui existe depuis 2012 a récemment trouvé une chanteuse qui l’a fait évolué vers de nouveaux horizons.

Leur dernier album sorti la semaine dernière, s’appelle « Tako Tsubo » et ce titre mérite qu’on s’y arrête un peu. Ces mots japonais se traduisent par « piège à poulpe » (le tako de takoyaki) et font allusion à une condition cardiaque bien réelle qui se manifeste lorsque suite à une trop grande émotion, un des ventricules du cœur se dilate et prend la forme d’un ballon et plus précisément celle d’un ancien piège à poulpe japonais. Vu que cette affection a été documentée pour la première fois au Japon en 1977 par des médecins japonais qui lui ont donné ce nom, cette cardiopathie se nomme encore aujourd’hui syndrome du « Tako Tsubo ».

Le groupe l’impératrice fait donc allusion à ces grands chocs émotionnels amoureux qui sont assez intenses pour causer un Tako Tsubo. Certaines des chansons de l’album sont dans ce registre mais il y a aussi des thèmes plus légers comme celui abordé dans le clip très décalé que je vais partager avec vous. « Peur des filles » s’adresse à tous ces machos qui méprisent et raillent les femmes tout en sachant que si ils se comportent de la sorte c’est parce qu’en fait ils sont intimidés voire effrayés par le sexe opposé.

Sinon j’adore la basse très propre et présente dans tous les morceaux, (pour un élève bassiste comme moi c’est un vrai nectar) Bref, de la belle musique bien composée, des choses à raconter et une vois superbe ! Je fonds je craque, je commande le vinyle et j’espère que vous aussi vous aimerez! 😀

Bar imaginaire

La journée a encore été dure, pas très dure mais bien fatigante, alors quel plaisir de m’assoir sur la chaise de mon balcon et de descendre trois bières avec des bretzels en imaginant que je suis à la terrasse d’un café. Je contemple mes montagnes, J’écoute les oiseaux, je regarde les gens passer et mes voisins vaquer à leurs futiles occupations et mener leurs stériles discutions et je chill, je me relaxe en espérant que demain notre président annonce un confinement qui me donnera trois semaines de vacances minimum… Avec ce soleil et cette chaleur ce sera bien volontiers ! 😀

Bravo Lilly !

Cette semaine je vous emmène une fois de plus aux USA plus précisément en Californie où une petite fille de 8 ans a battu un record. En effet, Lilly Bumpus est une girl scout qui a réussi l’exploit de vendre à elle seule 32 484 boites de cookies pour aider les enfants touchés par le cancer.

Lilly était très motivée pour le faire, car elle est elle-même une survivante d’un cancer qu’elle a développé dans sa petite enfance, le très agressif sarcome d’Edwing.

Cette brave petite fille pleine de courage qui ne supporte pas qu’on lui dise que quelque chose est impossible a donc installé sa petite baraque de vente dans la rue devant son domicile à San Bernardino avant d’avoir l’idée de vendre aussi en utilisant Internet. Beaucoup de ces commandes n’étaient pas des vraies commandes mais de simples dons venant de personnes émues de voir autant de détermination chez une si jeune fille.

Alors oui, ce n’est peut-être pas une info insolite mais c’est une belle histoire même si on enlève tout le coté émotionnel et dramatique que les américains y ont ajouté.

En un mot un beau message de courage venant d’un(e) enfant pour bien commencer la semaine ! 😀

Envie d’évasion

La semaine a été dure, celle à venir s’annonce aussi très angoissante avec un test COVID à l’école qui risque d’avoir pas mal de conséquences. Je ne vais pas très bien moralement et le blues de mon anniversaire qui tombera jeudi n’arrange rien… Du coup pour tenir bon je me raccroche à mes souvenirs les plus colorés. Cette photo a été prise il y a bien des années avec un Canon AE1 et du film diapo. C’est l’étang de Bages dans l’Aude où je m’étais rendu avec un sympathique forumeur qui m’avait montré un appareil moyen format. A l’époque je ne savais pas comme la photo allait me dévorer la vie et comme elle me laisserai un jour seul et désabusé. 🙄

Emotional week #7 : Montagnes russes

Au moment de mettre un terme à cette thématique émotionnelle, je me sens obligé d’évoquer ma journée de jeudi qui a été un jour justement un peu trop riche en émotions. Entre les photos que je n’ai pas prises et celles faites ce jour là mais que je n’ai ni le droit ni l’envie de montrer, il ne reste donc plus qu’une illustration possible de ce jour de folie et c’est celle-ci :

La photo parle d’elle-même mais je vous raconte tout de même les événements qui ont fait de mon jeudi 25 mars un jour un peu trop intense à mon goût.

Le matin je me rends à l’établissement pour faire passer mon petit démon dans le bureau de la directrice afin de lui « remettre du cadre » comme on dit dans notre milieu, c’est à dire pour lui rappeler les interdits. Le véhicule arrive avec l’enfant dont les premières paroles sont « Je n’ai pas trop envie de venir là » Il refuse de sortir du véhicule, je dois donc le porter jusqu’à l’intérieur puis le trainer comme une serpillère dans le bureau. Une fois entré il refuse de s’assoir commence à jeter une chaise, refuse d’écouter chantonne puis hurle pour ne pas entendre ce que ma directrice essaie de lui dire. C’est sans doute méchant de ma part, mais je suis heureux qu’elle se rende compte de nos difficultés avec cet enfant et avec 3 autres de ses camarades soit le tiers du groupe. L’entretien est un échec et l’enfant va multiplier les crises avant que le soir même pendant la réunion de groupe, la psychologue nous donne une nouvelle façon de voir les choses. En résumé, cet enfant profondément immature n’a pas atteint le stade œdipien (le stade de développement où l’on accepte la loi posée par les autres et la société) il en est encore au stade de la socialisation primaire caractérisée par une illusion de toute puissance et le refus de différer et encore plus de renoncer à ses envies ou pulsions. Du coup lorsqu’il s’oppose et entre en crise, rappeler les règles et les interdits ne sert qu’à aggraver la situation en accentuant sa frustration. Il faut donc faire rupture, passer à autre chose et trouver un moyen subtil de faire entrer du manque c’est à dire de l’aider à accepter qu’il doit attendre pour avoir les choses et que cette attente n’est pas si difficile que ça à gérer. C’est ainsi que depuis vendredi matin ma façon de travailler avec ce jeune garçon est devenue très spéciale, je démine chaque opposition et je trouve des moyens de le laisser croire qu’il contrôle les choses tout en symbolisant à l’aide de différents supports la notion de manque et d’attente. Exemple datant de hier : Son anniversaire est en juillet, le voici qu’il commence à se fâcher de devoir attendre je le sens qui commence à se transformer en Hulk… Je lui demande avec une voie douce de venir avec moi devant le grand calendrier mural que j’ai fabriqué, je lui montre le temps qui reste avant la mi-juillet et je lui donne une craie pour qu’il barre le jour d’aujourd’hui. Par ce simple geste il expérimente une certaine forme de contrôle sur l’attente, un jour de barré c’est une attente qui se raccourcie, ce manque va donc peu à peu lui faire moins peur jusqu’au jour où il pourra le gérer de façon autonome. Je lui montre aussi toutes les choses sympas qui vont arriver avant cette date. Le voici rassuré et calmé, il reprend son travail avec moi à ses cotés. Travailler ainsi est épuisant surtout qu’avec ma collègue qui n’est pas souvent avec moi et la maitresse, nous en avons 12 autres à gérer avec des soucis soit un peu similaires soit différents ou soit pire, avec des soucis qui ne produisent ni pleurs ni cris et qui restent ainsi souvent peu ou mal accompagnés.

Les crises de cet enfant et le cheminement intellectuel et professionnel effectué dans la même journée ont donc été un vrai Lunapark émotionnel avec des montées et des descentes violentes d’adrénaline. Dans la foulée, ma collègue avec laquelle je m’entends vraiment très bien et que j’appelle avec malice « Maman » (car elle aussi utilise des biais stratégiques très féminins et maternels pour tirer ce qu’elle veut de moi 😆 ) m’annonce qu’elle va devoir se faire opérer pour un petit souci de santé cela m’inquiète non pas pour elle mais pour l’enseignante et moi car je sais que l’on va nous demander de faire sans elle. Nouvelle chute de moral.

A midi après manger (après avoir regardé les enfants et les adultes manger sans mesures de protection en gardant mon masque FFP2) je décide de me rendre au centre de vaccination de l’autre coté de la route pour tenter pour la seconde fois d’avoir un rendez-vous pour me faire vacciner. J’arrive devant le bureau installé dans le hall du gymnase reconverti en vaccinodrome et je me présente sans aucun papier ni autre forme d’attestation. Le secrétaire me demande d’attendre va voir dans une pièce à coté et me dit et bien on peut vous vacciner tout de suite ! Amusé par ce retournement de situation je me sens comme un type un peu éméché qui décide d’entrer dans un salon de tatouage ou comme un parachutiste qui au moment de faire son premier saut se laisse tomber en hurlant « Geronimo ! », bref je me jette dans le vide sans réfléchir et surtout sans penser aux discours inquiétants que j’ai tenté d’éviter le plus possible. J’ai ainsi reçu ma première dose de vaccin Pfizer ce jeudi 25 mars à 13h05 et si vous vous posez la question aucun effet mis à part un bras un peu gonflé et légèrement douloureux pendant 36 heures. Je rentre à l’école en allant voir les membres de mon équipe et les enseignants de l’établissement avec lesquels je m’entends bien (c’est à dire tous sauf un) et je brandis mon attestation en faisant le pitre puis en réalisant peu à peu que je tire une certaine fierté de mon geste au point de me retrouver le reste de la journée sur un petit nuage, j’étais comme ivre, ivre de ma victoire sur une de mes peurs au point de me comporter un peu bizarrement, une ivresse qui a un peu saoulé mes collègues mais pas de soucis pour elles, elles ont l’habitude ! 😆

C’est donc dans cet état que j’ai participé à la réunion avec la psychologue de 16h30 à 18h00 avant de rentrer chez moi et de décider d’aller acheter une pizza histoire de me rassasier et de faire manger ma mère âgée. Et c’est là dans cette petite boutique que je me suis trouvé nez à nez avec un forcené. Non, le grand huit émotionnel n’était pas encore terminé. Par contre je laisse cette histoire pour mardi prochain le temps de prendre de la distance et de structurer mon récit afin de tirer les leçons de cette rencontre peu commune.

Là c’est samedi, fin de la semaine émotionnelle, je suis resté au lit jusqu’à 10h00 comme un ado, j’étais claqué nerveusement. Je l’ai peut être cherché avec mon concept thématique ! 😆

Emotional week #6: Archive de stagiaire

Par un pur et vrai hasard, en regardant ce que j’avais à disposition en archive datée du 26 mars pour cette semaine dédiée aux émotions, je suis tombé sur un souvenir bien chargé de nostalgie. L’adieu à une de mes premières stagiaire, une personne que j’ai beaucoup apprécié et qui reste pour moi la stagiaire idéale que je ne rencontrerai plus jamais. Cet article ne raconte pas tout comme le fait qu’au moment de se dire au revoir nous avons pleuré comme des gosses dans les bras l’un de l’autre. Je crois qu’il y a eu un certain transfert vu que je l’ai traitée comme la fille que je n’aurai jamais en lui donnant le meilleur de moi-même et en lui offrant un cadeau très symbolique pour lui dire au revoir : le DVD du film « va, vis et deviens ». Là encore en repensant à elle j’ai les yeux qui deviennent humides. Sinon pas mal de choses à raconter demain vu que par un concours de circonstances je me suis fait vacciner (Première dose Pfizer) et j’ai fait une drôle de rencontre en rentrant. Mais tout ça c’est pour demain samedi, là je vous laisse avec l’histoire de cette stagiaire telle que je l’avait écrite le 26 mars 2008.

Archive du mercredi 26 mars 2008

Cher Francis,

       Il y a à peu près deux ans, je terminai mon stage et j’assistais tremblant à mon évaluation faite par deux professionnels. 

Dans ma tête c’est comme si c’était hier.

Et voilà que demain c’est à mon tour de juger la qualité de travail de celle qui aura été ma première stagiaire avant qu’elle ne nous quitte la semaine prochaine.

Cette jeune fille très angoissée m’a confié craindre cette épreuve, dès lors avec mon compère nous nous sommes amusés à plaisanter avec elle sur ce sujet pour essayer de l’aider à dédramatiser la situation.

Alors que dans ma tête je suis encore éducateur non diplômé, je dois juger une stagiaire. Cette situation me trouble énormément car au fond de moi je me demande si j’ai vraiment les qualifications requises et assez de crédibilité pour évaluer une autre professionnelle.

Ce qui me met un peu la puce à l’oreille c’est de réaliser que je n’arrive pas à trouver de défauts à cette jeune fille qui bien loin d’être un fardeau aura été pour moi et pour les enfants une présence positive et une aide importante pendant ces trois mois de stage.

Il est important pour moi de faire le point sur ma capacité pour accompagner les stagiaires car dès lundi, devine quoi…

Et Oui, à partir de lundi une nouvelle stagiaire me sera affectée et ce avant même le départ de ma première.

Même pas le temps de faire le deuil de l’une, une autre revient.

Il va falloir que je m’y habitue. mais ça va être dur, quand elles sont bien on s’y attache à ces bestioles… ^^

Emotional week #3: Une journée mémorable

C’était le lundi de la Pentecôte en 1988. Pour les nuls en caté et en grec ancien, la Pentecôte c’est 50 jours après Pâques. Bref, c’était un jour férié et en bon adolescent j’étais resté au lit bien après 8h00 du matin.

Au fond de ma couette, je suçais mon index (et oui j’ai arrêté très tard) enveloppé dans le peignoir bordeaux que ma mère avait taillé. Je n’étais pas vraiment réveillé mais pas non plus totalement endormi c’est dans cet état que j’ai entendu mon père se plaindre une fois de plus de mon comportement à ma mère. Il me traitait de larve, de bon à rien et après s’être énervé contre ma paresse il parti pour aller travailler dans le jardin d’un ami. Il avait décidé de lui bêcher son jardin avec le motoculteur thermique d’occasion dont il était si fier.

Il était comme ça mon père, il donnait des tas de coups de mains et faisait du travail gratuitement pour les autres sans rien attendre en dehors d’une certaine reconnaissance. A l’usine (il était ouvrier électricien chez Peugeot) c’était pareil, il travaillait plus que les autres allant parfois jusqu’à couvrir la paresse des jeunes en faisant leur travail.

Bref mon père était parti passer le motoculteur chez le père W, je m’enfonçais de nouveau au fond de ma couette pour finir par sortir de mon lit vers 9h30. Ma mère me demanda alors d’aller prendre du pain à la boulangerie. Cette boutique était en haut de mon village situé sur un plateau, je décidais alors de prendre mon vélo.

Il faisait beau, le soleil brillait fort, j’enfourchais mon vélo et je commençais à monter la côte. Arrivé au dessus je remarquais du coin de l’œil un grand drap brun posé posé sur le bas coté de la route, il semblait recouvrir quelque chose mais peu intéressé par ce détail insolite mais anodin, je décidais de poursuivre mon chemin. Arrivé à la boulangerie j’achetais le pain et quelques bonbons avec la monnaie et je redescendais à vive allure, le panier au guidon vers ma maison profitant de la succession de pentes pour atteindre une vitesse très agréable.

Arrivé au dessus de la pente menant à mon domicile je découvrais abasourdi que les quelques minutes passées à la boulangerie avaient transformé cette fichue rue. Je remarquais que plusieurs personnes étaient présentes autour du drap avec un air préoccupé mais je fus avant tout alarmé de voir ma mère monter vers moi en courant et en hurlant. Une voisine lui tenait le bras pour la ralentir un peu.

C’est à ce moment que je compris que sous ce drap se trouvait le corps de mon père.

C’était la Pentecôte 1988 et je venais de perdre mon père et de passer devant son cadavre qui pour des raisons encore inexpliquées avait été laissé sous un drap pendant un certain laps de temps sans personne pour le veiller. Après avoir travaillé chez cet ami , il s’était plaint d’une douleur à l’épaule et était reparti vers notre maison à pied refusant qu’on le raccompagne. Arrivé en haut de la fameuse cote son cœur ou un anévrisme avait eu raison de lui et il était tombé devant la maison du medecin du village qui n’avait pas réussi à la ranimer et avait appelé les pompiers qui avaient recouvert son corps avant d’aller prévenir ma mère. Le hasard avait voulu que je passe pile poil après le départ des pompiers et la suite…

La suite est d’ailleurs un peu floue. Les pleurs de ma mère qui me prenait dans ses bras en hurlant  » Mais qu’est-ce que l’on va devenir ? » Les pompiers qui voyant mon flegme me demandent de prévenir mes frères et sœurs sans leur dire que notre père était mort mais qu’il avait fait un malaise pour ne pas qu’ils paniquent et fassent des accidents de la route et surtout un blocage dans mon esprit qui m’a empêché de verser la moindre larme.

Ma sœur arriva en fin de journée, vu qu’elle était déjà infirmière elle s’inquiéta de mon comportement désinvolte et m’ordonna d’aller prendre un bain dans la baignoire après avoir pris une pilule, sans doute un calmant. Je me souviens lui avoir obéit et d’avoir pris le rouge à lèvre de ma mère pour écrire sur le mur de la salle de bain  » vive les sédatifs » avant d’appeler ma sœur pour lui montrer ma mise en scène tout en faisant semblant de dormir. Elle avait rigolé juste un peu…

Puis ce fut la veillée du corps. Dans ma campagne pas de funérarium, les défunts sont déposés sur leur lit dans leurs chambre et les gens viennent pour les voir et prier. Ma prof d’anglais du collège était venue réciter un chapelet entier, je m’en souviens encore avec beaucoup de tendresse.

De mon coté j’étais toujours sous le choc, du coup pour tenter de sortir de cette torpeur et de réaliser ce qui arrivait, je décidais de faire des tas de gestes symboliques dont je n’ai jamais parlé à personne avant aujourd’hui. Mon père aimait les mots croisés alors j’avais plié une feuille de mots croisés pour la glisser dans la poche de son costume. Il m’avait emmené dans la forêt en bas pour que je l’aide à débroussailler autour d’un arbre qu’il jugeait en détresse, du coup j’étais allé chercher une petite branche de cet arbre pour la glisser là encore en secret dans sa poche.

Pour faire ces gestes symboliques j’étais obligé d’entrer dans la chambre seul et de toucher le corps de mon père, je me souviens du froid inhabituel dans cette pièce et de la sensation troublante résultat du contact avec le corps d’un défunt. Froid, rigide, inquiétant… Ce fut ma première rencontre avec la mort. Mon frère était là, en sortant de la chambre et en me retrouvant sur le balcon, il lâcha un très philosophique « c’est moche la mort ».

Le reste de la semaine se déroula bizarrement, plein d’adultes qui voulaient me conforter alors que mon travail de deuil était bloqué bien avant le premier stade, l’enterrement avec les pleurs difficilement contenus par mes frères et sœurs pendant qu’ils lisaient leurs mots au micro, et surtout la présence de mon frère qui resta avec ma mère et moi pendant plus de deux semaines. J’ai toujours aimé et admiré mon frère qui, bien plus âgé que moi, était parti faire sa vie en Haute Savoie, depuis ses visites étaient devenues aussi rares que brèves et du coup l’avoir chez nous pendant deux semaines reste paradoxalement un bon souvenir.

Puis une semaine plus tard le retour au collège avec le silence au moment de monter dans le bus, les gamins qui m’insultaient et me frappaient me regardaient à présent avec une expression de peur mêlée à de la tristesse. Je venais de perdre mon père, et si cela leur arrivait à eux aussi ? C’est ce qu’ils devaient se dire. Bref tout le monde était si gentil et prévenant envers moi alors que je ne voulais qu’une chose c’était qu’ils se comportent comme ils l’avaient toujours fait histoire de retrouver un peu de normalité.

Mon père ne m’aura pas vu grandir, développer mes capacités et commencer à m’intéresser à des choses que lui aussi aimait. Je n’aurai jamais eu le plaisir de boire une bière avec lui et encore moins celui de recevoir un peu de reconnaissance et d’approbation de sa part. Il est parti avec l’image d’un gosse suçant son pouce à 14 ans, une larve incapable de réaliser de grandes choses et vouée à une vie pitoyable.

Alors oui tout cela est bien triste mais par honnêteté je suis obligé d’évoquer une pensée qui me fait honte en dépit de sa véracité. S’il était resté vivant , mon père m’aurait vu devenir bon élève, passer mon bac avec mention bien avant de décrocher après pas mal d’année une maitrise en droit privé. Il aurait changé son regard sur moi et aurait été fier de son fils. Il aurait fait le malin à l’usine en parlant de moi à la pause casse croute mais il n’aurai jamais accepté qu’une fois diplômé je renonce à un métier juridique pour devenir un éducateur spécialisé. Alors si mon père n’était pas mort ce jour de Pentecôte, quelle serait ma vie aujourd’hui ? Aurait-il fait jouer ses connexions pour me trouver un premier emploi ? Je ne le saurai jamais mais cela ne m’empêche pas de me poser la question surtout dans les moments difficiles.

Voilà, cette page de ma vie est hélas 100% réelle sans aucune exagération, je vous la livre de façon un peu brute à l’occasion de cette « emotional week » tout en me demandant comment j’ai traversé tout cela et comment j’arrive à en parler et à l’écrire sans sourciller alors que je fonds en larmes en pensant à la mort de ma nièce.

L’esprit humain et ses mystères…

Emotional week #2: Le respect du souvenir

Voici une belle histoire bien émouvante pour coller au thème de la semaine tout en restant insolite et actuelle pour respecter la règle des articles du lundi.

Tout commence début Mars lorsque Adam Wilson, un habitant de Toronto achète un appareil photo argentique sur Ebay à un vendeur en Pennsylvanie. Lorsque l’appareil, un canon AF35MII (un très bon appareil que je possède aussi) arrive chez Adam, ce dernier découvre qu’un film exposé et non développé est resté à l’intérieur. Il décide alors de l’amener au labo et en tire plusieurs photos.

Et c’est là que l’histoire devient intéressante car au lieu de garder ces photos dans son ordinateur, Adam décide de tout faire pour retrouver la famille à qui elles appartiennent. La tâche s’avère très complexe car le vendeur de l’appareil ne sait qu’une seule chose c’est qu’il a été retrouvé dans un box de stockage à Lewisberry en Pennsylvanie. Adam ne se décourage pas pour autant et lance un fil sur Twitter.

Les internautes donnent des informations, repèrent des détails, on commence à comprendre que la photo a été prise il y a plus de 20 ans, mais toujours pas de piste pour retrouver les personnes photographiées.

C’est alors qu’un journaliste d’une station de TV locale (WHTM-TV) décide de faire passer les photos sur la chaine et là, au prix d’un gros coup de chance, un téléspectateur reconnait l’une des personnes, une certaine Maria qui vivait à Lewisberry avant de déménager en Floride.

Très vite la famille est contactée en Floride et c’est avec une profonde émotion que ces gens ont retrouvé ces photos qui étaient loin d’être anodines. Car voici en substance ce qu’il ont déclaré aux médias.

Ces clichés avaient été pris en 1997 pendant les fêtes de Noël et marquaient un tournant important dans la vie des personnes de cette famille qui après avoir perdu deux grand mères avaient tout juste terminé leur travail de deuil et s’était remis à photographier les fêtes familiales. Deux ans plus tard c’était le grand père avec la casquette sur le fauteuil qui allait décéder.

Ces photos ne sont pas seulement les toutes dernières avec ce grand père mais sont aussi et avant tout les seules où Maria son frère Bob et leur père un vétéran de la seconde guerre mondiale, sont photographiés ensemble !

On comprend donc que la famille de Maria a été très émue de retrouver ce souvenir si important.

J’avoue être moi aussi touché par cet élan de solidarité justifié à postériori par l’importance de ces photos, et vous ? Souvent lorsqu’une maison prend feu, les familles sauvent les papiers importants et les albums photo. Les photos de familles sont bien plus que de simples images, ces instants figés sont un réel réconfort pour véhiculer et conserver des souvenirs important et pour tenter de les transmettre aux générations qui suivent. Mais ça c’est une autre histoire, un autre problème…