Higurashi, un anime dérangeant

Je continue donc cette semaine spéciale Halloween et si je croise l’horreur et les animes, et bien j’ai énormément de choses à présenter. Choisir c’est renoncer, je vais donc mettre de coté les animés trop fantastiques avec des monstres ou des démons car le coté imaginaire fait qu’au final ces histoires ne sont pas si effrayantes.

Par contre il existe un certain nombre d’animés très dérangeants qui repose sur la méchanceté, la perversion voire la maladie mentale, l’instabilité, la transformation psychologique, des phénomènes bien réels qui font que les animés que les évoquent deviennent tout de suite bien plus horrible voire ouvertement dérangeants.

Higurashi en est un bon exemple. Cet anime se passe dans un petit village et met en scène une bande d’adolescents dont certains sont très jeunes (la plus jeune a 11 ans) histoire d’augmenter le malaise. Keiichi Maebara, vient emménager avec sa famille. Il va très vite se lier avec quatre de ses camarades de classe, quatre jeunes filles nommées Rena Ryūgū, Mion Sonozaki, Rika Furude, et Satoko Hōjō, qui l’acceptent dans leur club d’amateurs de jeux de société. Hinamizawa paraît être un village normal, paisible et rural ; cependant, tout bascule après la fête du Watanagashi, fête pendant laquelle est célébrée la déité locale, Oyashiro. Keiichi apprend que depuis 4 ans déjà, une personne disparaît et une autre est retrouvée morte le lendemain de la fête.

La série est divisée en 8 arcs à la fin de chacun de ces chapitres, ces jeunes finissent assassinés de façon très violente et très graphique par un ou deux d’entre eux devenus fous. Par la suite, au début du chapitre suivant, l’histoire repart à zéro comme si rien n’était arrivé avec une nouvelle histoire sanglante qui se met en place petit à petit.

Car oui, une des choses les plus déstabilisante avec cet anime c’est la façon avec laquelle les créateurs de la série passent d’un univers tout mignon, drôle et ensoleillé à l’horreur psychologique la plus profonde et violente. On finit par se sentir comme l’un de ces psychopathes capable de porter un masque de normalité voire de séduction tout en se préparant à commettre les pires atrocités.

Ce cycle horrifique est réellement éprouvant et en y repensant je me dis que non, je n’ai sans doute pas terminé cet anime bien trop glauque même pour quelqu’un avec de solides défenses comme moi. Reste que ça faisait un bon sujet pour Halloween. 😈

PS : Cette nuit j’ai retrouvé l’intégrale de cette série je vais voir jusqu’où je vais aller dans le visionnage des épisodes. 😈 😈

Pour préparer Halloween

Voici une chaine You Tube consacrée à des histoires horrifiques fictives (les fameuses creepy pasta), exagérées, romancées mais parfois totalement réelles.

En voici un extrait facile à classer dans l’une des catégories ci-dessus.

Attention, les histoires vraies sont très dérangeantes alors évitez de les regarder, ça ne sert à rien d’évoquer le mal et la souffrance réelle. L’imaginaire par contre, dans les histoires inventées donc sans victimes réelles a une fonction de divertissement voire de protection contre toutes ces choses aussi horribles que réelles.

Peur

Pour cette humeur du mardi spécial Halloween je pensais publier une de mes histoires écrites il y a bien longtemps mais non, au final j’ai trouvé que dévoiler un pan hélas bien trop réel de ma personnalité serait bien plus effrayant.

La peur, ma plus vieille amie

C’est bientôt Halloween et juste après la Toussaint, deux moments qui en dépit du merchandising pour l’un et des discours positifs des prêtres pour l’autre nous rappelle notre condition de mortels voués à une mort certaine précédée de souffrances physiques et/ou morales. Bref c’est la semaine idéale pour évoquer cette peur qui me talonne depuis que je suis enfant et qui m’a façonné en venant limiter mes choix.

Car oui ma vie n’a été jusque là qu’une succession de renoncements face à toutes les occasions qui m’ont été offertes.

Voici quelques exemples : Dans ma petite enfance, de très grosses angoisses de séparation ont fait que j’avais peur de m’éloigner de mes parents pour vivre et découvrir d’autres choses avec les autres enfants, bref pour me socialiser. Plus tard peur d’aller voir le concert le plus important de ma vie alors que j’avais mon billet, plus récemment peur de laisser ma mère âgée et veuve seule pour partir une semaine en Californie alors que là aussi j’avais les billets…

Cette peur qui me colle à la peau depuis toujours et qui a bousillé les plus belles occasions de ma vie est ma pire ennemi ou alors peut-être ma meilleure amie allez savoir… Peut-être que mes reculades n’ont été que des expressions d’intuitions d’auto protection de ma personne ?

Au final peu importe, le résultat est le même je vis sous une tonne de regrets et avec ce sentiment d’un immense gâchis. Cette peur m’empêche aussi de me projeter dans quelque chose de positif, de toute façon ma vie est si pauvre et ce sur tous les plans que je ne trouve pas vraiment de choses positives à attendre.

Mais il existe bien pire comme peurs, mes pires sont les peurs de choses à venir. Elles sont bien plus terribles car elles sont concrètes et reposent sur des évènements inéluctables ou alors très probables. Alors il y a la mort de ma mère qui fera que je serai sans domicile, la maladie qui touche mes proches ou moi-même, une forme ou une autre d’effondrement de la société et de ces institutions protectrices, la perte d’emploi et bien sûr ma propre mort qui en fait au bout de toutes ces épreuves sera plus une délivrance qu’une mauvaise chose.

Au final mon existence passée présente et future n’est qu’une succession de peurs qui m’ont gâché, me gâchent et me gâcheront la vie. Ces pensées noires mijotent dans ma tête sur le feu de l’actualité et de son cortège de mauvaises nouvelles, le mauvais temps n’arrange pas non plus les choses. J’ai perdu tout appétit pour la création photographique et pour toute activité plus ou moins artistique, je ne suis plus qu’un zombie terrifié planqué derrière son écran.

Du coup je pourrai mourir demain car qu’aurais-je donc à perdre à part justement cette peur qui me colle à la peau depuis le début ?

Un jour, j’aurai ta peau !

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La réalité rattrape parfois la fiction et quelques fois de façon un peu morbide à l’exemple de cette édition des lundis de l’insolite édition Halloween.

Dans certains films d’horreur comme « livre de sang » inspiré de Clive Barker ou dans d’autres films bien plus profonds et vertigineux comme « The pillow book », on retrouve le même fantasme, celui de récupérer la peau d’un être humain pour conserver ce qui est écrit dessus (des histoires macabres écrites par les spectres  dans « livre de sang » ou de magnifiques choses écrites dans des langues très diverses pour « The piloow book »).

Dans le cas du film d’horreur c’est choquant  dégouttant et effrayant mais dans le cas du film « The pillow book » la métaphore est magnifique et sensuelle. Mais qu’importe, dans un cas comme dans l’autre cela n’était que de la fiction, du moins jusqu’à aujourd’hui.

Car oui, c’est à Cleveland qu’à la suite d’une discussion avec un des ses amis qui disait vouloir que son tatouage lui survive que Michael Sherwood (photo ci dessus), gérant de pompes funèbres, a eu l’idée de lancer avec son fils Kyle un service très particulier qu’il a nommé : « save my ink forever » (Sauvegarde mon encre pour l’éternité).

M Sherwood avance que le lien qu’entretient les personnes avec leurs tatouages et le tatouage de leurs proches est souvent très fort et mérite d’être prolongé.

Son idée a donc été de proposer un service permettant aux personnes qui le désirent de se faire prélever la peau sur laquelle se trouve leurs tatouages  pour qu’elle soit préparée et traitée pendant plusieurs mois jusqu’à ce qu’elle puisse être mise sous verre ( un verre anti UV de très haute qualité utilisé par les musées)  le tout exposé dans un cadre mural ou comme une œuvre d’art. Après tout, certaines personnes gardent bien chez elles des cendres de leurs défunts dans des urnes, non ? Voici ce que ça donne :

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Impressionnant… Il n’en reste pas moins que pour préserver la dignité des personnes et éviter que cette idée ne devienne une foire aux monstres, Michael et Kyle Sherwood ont été obligés de refuser des tas de demandes absurdes voire glauques comme utiliser la peau tatouée pour faire des abat-jour ( pas de « s » j’ai vérifié) ou des couvertures de livre.

Le service lancé discrètement en 2016 est devenu viral sur la toile et après trois ans les demandes ne cessent de s’accumuler. Cependant si vous êtes tentés sachez que cette opération coute 1599$ pour un tatouage de 13cm sur 13cm et coute cent dollars de plus pour chaque pouce (2,5cm x2,5cm)de peau en plus.

C’est sans doute pour se faciliter le travail que M Sherwood et son fils ont fixé de tels tarifs car oui, à ce prix leurs clients après s’être acquittés de leurs factures n’ont plus que la peau sur leurs os !  😆

Killer insects from outer space

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C’est la semaine d’Halloween alors cette semaine j’ai envie de m’amuser un peu avec les choses sombres et angoissantes que j’aime bien.  Du coup je suis allé fouiller dans mes vieux plans films pour trouver ce plan film bousillé par une ouverture accidentelle du châssis. J’ai passé une heure à transformer ce loupé en couleur en un truc encore plus moche et angoissant en noir et blanc. 👿

Et non ce n’est pas simple de faire un selfie en grand format 4×5 avec des phasmes géants sur la tronche. :mrgreen:

Mais revoir cette photo me donne l’envie de me remettre à l’élevage des phasmes, ces bestioles rendent bien en grand format alors si je pouvais en élever à nouveau, je tenterai bien la proxy en 4×5… 😀

Rites de passage (Archive)

Voici ce que j’écrivais il y a 14 ans le 25 octobre 2005. Je venais de découvrir la notion de rite de passage et j’étais comme enflammé par ce concept…

Mardi 25 octobre

  Cher Francis,

       Aujourd’hui a été, une fois n’est pas coutume, plein d’enseignements et de découvertes. Cependant si je dois faire le point sur cette journée ce qui me semble le plus important c’est cette réflexion que j’ai commencé sur la notion de rites de passage. En effet en discutant avec un prêtre africain des pratiques traditionnelles qui viennent pondérer la vies des personnes vivant sous ces latitudes, je me rends compte que ces peuples qualifiés de sauvages étaient non seulement hautement policés mais avaient sut inventer des repères plus forts et plus universels que nos institutions occidentales. 

C’est ainsi que dans certaines régions d’Afrique un enfant devient un homme à douze ans, puis entre dans un second temps de sa vie ou il devient un ancêtre respecté avant de terminer dans un autre statut toujours admiré mais en retrait de l’activité du village. Ces différents passages sont accompagnés de rites et de fêtes et permettent à chaque personne de savoir exactement ou il en est par rapport à lui même et à la communauté dont il fait partie.

Dans nos civilisations dîtes modernes, ce sont les institutions telles que le mariage, les autres sacrements de l’Église et le service militaire qui servaient de points de repères aux personnes. Ors ces institutions ayant disparu ou étant fortement critiquées ou méprisées à juste titre ou non, les points de repères dont elles étaient porteuses ont perdu leur sens ou leur raison d’être.

Le problème est surtout palpable chez les adolescents pour qui la question de l’identité propre est au centre de leur dur processus de construction identitaire. Cette absence de repère à laquelle s’ajoute une absence de personne relais, de modèle positif ou de garde fou, suffit à expliquer en grande partie la violence des jeunes. Ces actes peuvent ainsi selon moi être interprétés comme une tentative désespérée pour tenter de trouver un sens à leurs vies dans ce monde froid et matérialiste qui leur est révélé quand la magie de l’enfance s’estompe. 

C’est ainsi mon cher Francis, que face à ce vide il est de notre devoir de parents, d’éducateurs ou d’amis de combler la vacuité en inventant nos propres rites et en définissant de nouveaux repères dans la vie de ces personnes à la dérive. Concrètement cela peut prendre la forme d’une escalade alpine, d’un camp de rupture, d’un voyage dépaysant… Il suffit que la personne soit confrontée à de l’inattendu et mette en marche ses ressources propres ainsi que celles des autres pour sortir vainqueresse de ce défi. Ce faisant, la personne ayant du puiser au fond d’elle même ses dernières ressources découvre ses vraies potentialités et ses vraies limites. En apprenant ainsi à mieux se connaître et à s’accepter elle prend confiance en elle ce qui la grandit considérablement et lui permet de continuer son chemin d’être humain. 

On retrouve ici la logique du rite de passage avec un cadre formel allégé, l’éducateur prend la place de l’initiateur, le projet celui du rite. Mais cela n’est qu’un exemple donné par ton serviteur portant les ornières de l’éducateur. De telles choses étant possibles sous une multitude d’autres formes tout en donnant au final un résultat allant dans le sens d’aider chaque personne à se situer en temps qu’être humain et membre d’une société.

Pour ma part mon cher Francs je dois t’avouer que dès l’age de 16 ans j’inventais déjà mes propres rites dont le plus drôle aura été de prendre un bain dans une rivière glacée le jour de mes 18 ans… Je sais je suis un type bizarre. 18 ans c’est l’age où l’on a le droit de boire et de se taper des pornos… Mais comme je l’ai déjà dit, à chacun ses rites !

14 ans plus tard, j’ai approfondi la notion de rite de passage en découvrant dans mes études (Arnold Von Gennep) et par la suite les différents temps qui le compose (annonciation, séparation, initiation, mort symbolique, renaissance et fête), leur articulation et surtout leur sens. Du coup, non, se baigner dans de l’eau glacée n’est pas rétrospectivement un rite de passage puisque aucune des étapes n’a été respectée et encore moins le point le plus important dans la notion de rite de passage. Celui-ci ne peut exister que dans un groupe social.

Du coup si une bande d’ados se donnent pour règle de fêter les 18 ans de l’un d’entre eux en le faisant boire trois litres de bière, cela aura hélas plus de sens comme rite de passage que ma baignade en solo.

Mais bon, je fais ce que je peux… :mrgreen:

Ikoku Meiro no Croisée

Cette semaine j’ai envie de présenter un anime très différent de ce que je présente d’habitude. J’ai en effet comme le besoin de parler de quelque chose qui m’a toujours interrogé sur le Japon; son profond attachement à la France.

Car oui les liens d’amitiés entre nos deux pays, basés sur une fascination mutuelle (et sans doute aussi sur le fait que la culture populaire japonaise a fait de nous les adultes névrosés que nous sommes aujourd’hui), bref ces liens sont bien réels et ne se limitent pas à l’admiration exprimée par l’un de nos anciens chefs d’état récemment décédé.

Mais ce qui est à la fois drôle et triste dans ce lien entre nos deux pays, c’est que chacun semble s’attacher à l’autre mais en le recréant à sa guise. Le Japon des animes n’existe pas ou alors très rarement, et la France vu dans les animes est romancée à l’extrême.

Cet anime Ikoku Meiro no Croisée qui a même un mot français dans son titre ( le mot croisé est restitué avec des kataganas et sonne comme curowasé), est un bon exemple de la France idéale imaginée par les mangakas pour coller à l’imagerie populaire japonaise.

Le pitch est très simple : à la fin du 19ème siècle en pleine ère Meiji donc, le Japon s’ouvre au reste du monde et de nombreux japonais voyagent en Europe pour découvrir et apprendre dans le but de faire évoluer l’empire du soleil levant. C’est dans ce contexte de fascination nippone que la jeune Yune est invitée à Paris et va faire la connaissance d’un jeune apprenti ferronnier d’art qui travaille dans une galerie marchande.

Et là on est déjà loin de la réalité vu que cette galerie la galerie du Roy n’a jamais existé à paris et est en fait copiée sur la galerie du roi à Bruxelles. :mrgreen: Mais qu’importe, tout le reste n’est que le prétexte à de bons sentiments et à des découvertes culturelles un peu décalées et non démunies de préjugés. C’est mignon, c’est de la guimauve… 🙄

Mais à quand un anime japonais qui évoque la France de façon réaliste et constructive ? On y suivrait les aventure d’un japonais venu découvrir la France qui se ferait voler à peine arrivé sur le sol français avant d’être traité avec mépris pour finalement rentrer chez lui avec une immense amertume. Bon OK, ce n’est pas vendeur, on va donc rester à la version guimauve. 😆

 

Et si nous philosophions ?

La télévision suisse allemande est assez spéciale dans beaucoup de sens mais elle offre souvent (service public oblige), des contenus riches et fascinants. C’est le cas de cette mini série dont on retrouve 8 épisodes en français sur sa chaine You Tube.

Voici un exemple, le fameux dilemme du tramway, une expérience de pensée qui nous retourne un peu et nous met devant notre propre morale :

Ces petites séquences sont courtes et peu nombreuses alors n’hésitez pas à toute les visionner, réfléchir voire philosopher de temps en temps ça ne fait pas de mal, bien au contraire ! 😉

Bénévolé ?

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Ce dimanche comme chaque année j’étais bénévole pour un repas annuel associatif. J’ai une fois de plus tenu mon rôle de barman d’un jour en servant tout en tenant la caisse le tout en mangeant seul à ma table de bar pour offrir une continuité de service (et aussi pour ne pas avoir à faire la conversation, bien sûr).

Je suis bénévole depuis que je suis adolescent pour quêter, donner des coups de main divers, bref pour faire vivre les associations auxquelles j’ai adhéré.

Aujourd’hui il ne reste plus grand chose de ces associations qui se sont éteintes avec les personnes qui les portaient et faisaient consensus. En fait au village il n’en reste qu’une à laquelle on m’a fait adhérer depuis que je suis enfant. Par contre, ses demandes sont toujours très pressantes et comme les personnes en capacité d’y répondre sont très peu nombreuses, je suis donc assez souvent sollicité.

Jusqu’à cette année je trouvais cela gratifiant, j’en tirai même une certaine reconnaissance en me disant qu’en voyant mon engagement, les gens du villages me pardonneraient ma double faute (ne pas être marié et faire un métier non manuel). La journée du repas associatif était donc une vraie fête pour moi et je faisais mon travail avec le plus grand professionnalisme amateur possible.

Mais cette année quelque chose est venu ébranler mes convictions en nourrissant fortement mes doutes sur mes missions de bénévole.

En premier lieu la gestion des fonds est de plus en plus opaque et aucune démarche des autres bénévoles pour tenter d’avoir plus de transparence n’a jamais abouti. En ces temps où tout le monde se méfie des autorités et voit des abus de pouvoir et des détournements de fonds partout, cette politique d’opacité est plus que malvenue, la personne qui gère l’argent a beau avoir un certain statut, elle n’en reste pas moins à l’abri de soupçons comme ses pairs pour d’autres raisons bien plus médiatiques et sombres.

En second lieu je m’interrogeais depuis un certain temps sur le sens que cela avait de donner de son temps et de sa force pour une association qui n’a pas vraiment de cause. Autrefois je trouvais qu’elle avait une grande importance pour générer et entretenir le lien social mais à présent nous en sommes plus qu’un petit groupe pratiquant un entre soi illusoire.

Enfin, sur un plan plus personnel l’envie de faire des choses pour moi en me faisant plaisir devient de plus en plus pressante et me freine à prendre d’autres engagements.

C’est dans ce contexte de doutes et de réticences qu’est survenu un incident qui me fait réfléchir avec amertume à ces plus de 30 ans de ma vie de bénévole : Lors d’une réunion de préparation du repas, une des bénévole a proposé que ses petites filles viennent aider au repas associatif mais moyennant une rémunération.Encore plus incroyable, cette demande n’a pas été rejetée par les autres bénévoles.

Incroyable ? J’exagère ? Et bien non, du moins pas de mon point de vue car cette situation a été comme une baffe pour moi. Faire une telle demande pour des gamines qui ne sont pas dans le besoin c’était comme cracher sur les engagements des bénévoles (et du mien en particulier) qui travaillent pour organiser cette fête en payant même leur propre repas. L’absence de condamnation immédiate et non équivoque de cette demande venait de me révéler l’absurdité de notre bénévolat qui, faute de convictions partagées et réelles, ne pouvait lutter contre une logique de marché.

En clair si cette association avait été une association de lutte pour l’environnement avec des personnes toutes concernées par l’avenir de la planète, cette demande n’aurait même pas pu être formulée. Mais là, s’agissant d’un repas paroissial et en présence d’une communauté vieillissante et clairsemée, tout devient possible.

Cela explique un peu ma tête sur la photo, dimanche je ne me sentais pas bénévole c’est à dire homme de bonne volonté mais bénévolé (bien volé, bien eu), jeu de mot pour traduire le fait que je me suis fait peut-être volé pendant tout ce temps en donnant sans jamais vraiment recevoir.

Au final je me demande déjà ce que je ferai l’année prochaine. Si le repas existe encore je réfléchirai sans doute avant de m’engager et je ferai aussi valoir mes demandes égoïstes. Tant pis pour ma réputation qui de toute façon n’a jamais été brillante. Faute d’être respecté par des gens qui m’importent peu, je serai au moins un peu moins pauvre et surtout beaucoup moins crétin. 😈