Archive du vendredi 14 juillet 2008
Cher Francis,
Ce matin mon sommeil a été interrompu non pas par le scintillant soleil d’été mais par des explosions répétées. Après m’être rappelé que je ne vivais pas à Beyrouth, je me rendis compte que ce vacarme avait un lien étroit avec la date du jour.
14 juillet. Fête nationale. A l’origine de tout cela un épisode de la révolution française, la prise de la bastille, où de nombreuses personnes étaient enfermées par lettre de cachet. Un symbole du pouvoir arbitraire en somme…
Le plus drôle dans tout cela reste sans doute l’identité du véritable instigateur de cet événement. En effet ce célèbre personnage évacué de la bastille le 12 juillet 1789 avait passé sa journée du 11 à hurler par sa fenêtre à l’aide d’un seau en fer transformé en porte-voix que les embastillés étaient torturés par leurs geôliers…
Ce personnage pour qui j’ai un grand respect n’est autre que le Marquis de Sade.
Sinon, ce rappel annuel de la révolution française est aussi pour moi l’occasion de me faire réfléchir sur le concept de révolution, de comprendre qu’à l’occasion de tels épisodes historiques les masses sont manipulées par une petite partie de la population qui finit par leur confisquer leur révolution pour leurs profits particuliers. Le pouvoir ne fait que changer de mains en causant de nombreuses morts. Les petites gens continuent de souffrir mais espèrent des jours meilleurs tout en comptant les quelques pièces et petits avantages sociaux que l’on a bien voulu leur donner pour ne pas qu’ils retournent dans la rue.
Enfin le 14 juillet est aussi pour moi l’occasion de me livrer à des gamineries pyrotechniques.
Ce sera la photo de dimanche.
Bon je te laisse chanter la marseillaise, n’oublies pas de faire comme ma grand-mère qui rajoutait systématiquement « tas de cochons » à la fin de notre belliqueux hymne national.
Il faut dire qu’elle l’avait entendu dans deux guerres successives cette sanglante chanson, de quoi la dégoûter de cette sordide mélopée…