Le titre devrait suffire à vous le faire deviner, oui une fois de plus, dans le cadre ces lundis destinés à explorer la bêtise humaine, nous nous rendons aux États-Unis, le pays où tout est acceptable dès le moment où cela produit assez d’argent.
Aux U.S.A comme ailleurs, les adolescents s’adonnent à des conduites à risques et aiment flirter avec le danger car privés des rites de passages (traditions locales, services militaires, sacrements religieux balisant les changements de statuts sociaux) détruits par le monde « moderne », les individus s’inventent leurs propres rites pour marquer les étapes de leurs vies.
Si tu es un homme vide le verre de vodka, si tu es un homme tire sur ce joint… Etc.
Et ça les entreprises nord américaines l’ont très bien compris, c’est pour cette raison qu’elles ont créé certains produits très discutables dont l’exemple le plus marquant reste encore le « One chip challenge ».
Voici un exemple du produit, un packaging en forme de cercueil avec des symboles de danger qui glorifie la culture du danger et du flirt avec la mort. C’est donc un retour aux rites de passages primitifs mais dans le seul but de faire de l’argent.
Il faut savoir qu’un rite de passage selon Arnold Van Gennep, respecte en gros trois étapes : la séparation de l’individu vis-à-vis du groupe et de la situation antérieure qui équivaut à une mort symbolique, la mise en marge qui représente une sorte de gestation symbolique, et enfin la réintégration de l’individu dans le groupe et dans une nouvelle situation sociale qui constitue une renaissance symbolique pour la personne qui vit le rite.
Et là on voit le lien avec ce produit. Le jeune en achetant le produit et en décidant de relever le défi va se séparer du monde des enfants, puis en bouffant la chip hyper épicée et en souffrant (car oui on est dans le primitif ici) il est dans l’étape de la gestation symbolique, enfin, comble du ridicule, l’étape de la renaissance symbolique va se faire sur les réseaux sociaux en partageant son expérience sur un groupe dédié.
En clair la marchandisation du concept de rite de passage a mené à cette parodie. Au lieu d’une célébration, le jeune subit de la souffrance comme à l’époque primitive et comble de la stupidité, la réintégration dans un groupe avec un nouveau statut social qui correspond à la dernière étape, n’est que virtuelle puisque cela se fait sur Internet.
Et oui tout cela est bien décevant et hélas trop symptomatique d’une époque ou le profit est érigé en seule valeur et repère. Le schéma des rites de passage est inscrit en chacun de nous et cela peu importe le pays où nous vivons, car humain quoiqu’on en dise est un être profondément symbolique. Ce produit mise donc là dessus et apparemment réussit très bien son coup vu que des tas d’autres saletés de ce genre se vendent un peu partout. Hélas le pire est encore à venir.
Il y a à peine plus de quinze jours, un groupe d’adolescents s’est réuni dans une maison de Worcester dans le Massachusetts pour relever le challenge. Je précise pour ceux qui n’ont pas lu les instructions sur le paquet en photo ci dessus, qu’après avoir mangé la chips il faut rester sans boire ni manger le plus longtemps possible…
Et bien là c’est Harris Wolobah qui y est resté tout court vu que les secours l’ont retrouvé inanimé et sans respiration avant de l’emmener à l’hôpital où son décès a été confirmé.
Le produit est donc dangereux à de multiples niveaux mais tout comme d’autres choses du même genre, les morts ne changeront rien, seule une baisse du profit entraînerai la remise en cause de sa commercialisation.
‘Sont cons ces ricains, et on prend le même chemin… 😦