Archive du jeudi 22 décembre 2005
Cher Francis,
Ce soir en rentrant de ma journée à Mulhouse avec mon équipe d’atelier de recherche afin de boucler notre écrit, j’ai failli perdre le contrôle de ma voiture en entrant dans mon village.
Non ce n’est ni le gel ni un animal sauvage qui était à mettre en cause mais plutôt un objet insolite qui venait d’être installé au centre de mon bourg. Je n’arrivai pas à le croire mais ma petite localité venait d’être équipée d’un distributeur de billets flambant neuf.
Bien loin de me réjouir de cette commodité installée par le crédit agricole, cette découverte provoque en moi une grande colère. En effet cette banque tenait une agence dans mon village qui était bien pratique pour tout le monde et l’avait fermée il y a deux ans. Cette banque avait bâtit sa renommée sur la mise en place d’agences de proximité. Cette image avait d’elle la banque la plus riche de France, ce qui est encore vrai aujourd’hui. Cette place ne lui suffisant pas, elle avait décidé de démanteler ses services de proximité en fermant de nombreuses petites agences. Par cette opération sa richesse augmentait encore.
Je sais ce que tu va me dire Francis, une banque c’est avant tout un commerce dont le but est de réaliser des profits quitte pour cela d’employer les mêmes mécanismes déloyaux que les autres acteurs économiques ( licenciements, restructurations…). L’autre mode consiste à remplacer les banques bien conviviales avec les guichetiers serviables et souriants par des petits édifices comportant un guichet automatique de retrait, une boite pour les remises de chèque et une autre pour les dépôts en espèce où l’on dépose son argent dans des petits sacs plastiques en écrivant dessus le montant de la somme. Il est ainsi intéressant de constater que l’on ne va bientôt plus rencontrer son banquier que pour solliciter un prêt ou consentir à une autre opération très juteuse pour l’établissement… Et oui rendre service aux personnes avoir un contact humain avec la clientèle c’est bien beau mais le retour pécuniaire n’est pas chiffrable… C’est sans doute pour cela que les banques ont jugé que le service n’était pas rentable…
Cependant les banques n’ont pas toujours été des entreprises dont le seul but est de faire de gros bénéfices en investissant l’argent de ses clients. En fait si l’on regarde leurs noms : banque populaire, crédit mutuel, caisse d’épargne… nous nous rendons compte que ces appellations ont une connotation sociale.
Ceci n’est pas une simple impression, en fait à l’origine des grandes banques que nous connaissons se trouvaient des établissements dont le nom correspondait à la mission qu’ils s’étaient donné c’est à dire d’aider les plus pauvres à épargner pour accéder à la propriété ou alors former des caisses de prévoyance pour assurer les travailleurs contre les risques de la vie.
De ce passé social seul le nom demeure… Aujourd’hui si le crédit agricole a mis en place un distributeur sur la place de mon village ce n’est que parce qu’il a calculé que cela allait dans son intérêt commercial. Sans doute cela aide -t-il les clients à creuser leurs déficits bancaire, ce qui pour la banque s’assimile à un très juteux prêt a court terme… Les bonnes intentions vis à vis de la clientèle largement étalées dans les publicités des banques ne sont que des mensonges qui bientôt je l’espère, ne tromperont plus leurs clients. Ces derniers finiront par se rendront compte à la suite d’une opération de « modernisation » de leur banque habituelle, que la nouvelle agence reconstruite ne leur propose plus de services personnalisés.
Ce sera peut être le début d’un créneau pour un nouveau genre d’établissement bancaire… On peut toujours rêver, non ?