Archive du mercredi 6 décembre 2006
Cher Francis,
Encore une journée de travail fatigante et stressante au possible. Je devais revenir chez moi vers 15h20 mais c’est près de deux heures plus tard que je rentre. L’origine de ce retard n’est pas a imputer à une quelconque urgence sociale. En fait j’ai seulement voulu réparer une connexion Internet en bas débit.
Chaque fois que je peaufinais les réglages, je m’apercevais en relançant la connexion que les pages ne pouvaient plus s’afficher me laissant désarmé devant une erreur 404. C’est ainsi que j’ai réinstallé dix fois de suite le logiciel permettant l’accès à internet. Tu sais ce disque que tu trouves parfois dans ta boite aux lettres ou alors en libre disposition dans un supermarché…
Installer et configurer Internet était une simple formalité il y a deux trois ans. A l’inverse, la dernière version du logiciel truffé de nombreux sous logiciels qui se bloquent les uns les autres est une vraie machine à créer du désespoir chez les utilisateurs qui n’ont pas d’autres options que d’appeler l’assistance.
Même à mon niveau de connaissances informatique il m’est encore impossible de savoir ce qui peut bloquer ainsi ce système qui est présenté si nouveau, si complet si performant…En un mot si moderne.
Bloqué dans ce sous sol sombre et tiède dont la quiétude n’était dérangée que par le ronflement des quatre autres ordinateurs, je commençais à perdre patience et je cherchais quel était le responsable de ce désastre perpétuel. Très vite je l’ai trouvé; il s’agit de la modernité.
A notre époque un objet moderne n’est pas forcément une chose crée pour être efficace, c’est avant tout un objet qui est sans cesse modifié par le biais de la technologie pour offrir toujours plus de possibilités et réduire encore plus le contrôle des utilisateurs sur son utilisation.
Les voitures modernes sont gérées par des ordinateurs pour améliorer le confort mais aussi et avant tout pour réserver le bénéfice financier de l’entretien aux garagistes de la marque équipés avec la technologie correspondante. Les téléphones portables deviennent de vrais ordinateurs multimédias offrant toujours plus de possibilités mais appelant leurs utilisateurs à investir toujours plus d’argent pour les utiliser comme objets de loisir et de communication nouvelle formule et aussi au bout du compte pour en changer tous les ans… Les ordinateurs modernes ont un bios verrouillé et sont livrés sans Cd pour obliger en cas de plantage leurs utilisateurs à faire appel aux coûteux services des techniciens de la marque au lieu de demander l’aide bénévole du voisin qui s’y connaît…. etc…
Le modernité ne sert pas seulement à augmenter l’étendue des liens contractuels entre les vendeurs et consommateurs. La modernité est également un concept permettant de créer toujours plus de dépendance vis à vis de la technologie qui rappelons-le reste fragile et contrôlable.
A notre époque, la généralisation de la communication par Internet progresse si vite que la moindre panne du réseau mondial suffit à créer des chaos titanesques chez des acteurs économiques et institutionnels ayant oublié comment communiquer par un autre biais. A notre niveau, force m’est de constater que la moindre panne de nos joujoux à puces suffit à nous paniquer… Moi le premier…
Face à cela mon cher Francis tu vas me demander quelles sont nos alternatives.
En premier lieu je dirai que nous devons être attentifs lors de l’achat de produits technologiques afin que le nouvel objet ainsi acquit couvre un besoin réel et avéré et ne soit pas un gadget superfétatoire de plus. En second lieu se tenir informé des avancées technologiques et enfin refuser tout objet aussi séduisant soit-il pour lequel ton contrôle d’utilisateur est très réduit ou inexistant.
A mon niveau je vais donc réinstaller Orange mais sans le cd « moderne » je vais mettre en place la connexion manuellement. Le système sera donc une simple commande de liaison téléphonique à un serveur. Ainsi je contrôlerai bien mieux ce qui se passe tout en faisant les réglages pour éviter les dialers et autres inconvénients et je n’aurai pas à me prendre la tête avec les sous logiciels…
Un petit acte de résistance en quelque sorte.