La semaine dernière, j’étais encore en train de réfléchir au moyen de présenter un reportage sur l’inclusion scolaire que ma hiérarchie m’avait demandé de faire.
Mon souci était d’ouvrir et de conclure mon sujet avec un texte que j’avais fait à 75% mais je ne pouvais pas trouver quelqu’un pour le lire et je me disais que les autorités locales n’aimeraient pas voir un veil éducateur en obésité morbide à l’écran.
Je pensais donc à tout ça en imaginant créer une animation, un diaporama… Bref des solutions qui m’auraient demandé un travail de fou alors que ce que j’aurai en échange ce n’est que trois heures de récupération maximum.
Et là en me baladant sur Facebook pour discuter avec un copain, je découvre une vidéo qui parle d’un site proposant gratuitement sans carte de crédit 3 minutes de présentation avec un ou une présentatrice générée par une IA. Je me dis que je n’ai rien à perdre et après m’être renseigné, je consulte le site avant de m’inscrire avec une adresse faite pour ça.
Une fois cela fait je clique sur un bouton « démarrer » et je réponds à quelques questions génériques posées par Synthesia, à un moment je clique sur générer et là je tombe sous le choc. Je me souviens avoir été si estomaqué que je suis allé en discuter sur Discord avec des amis.
Comment dire… Synthesia m’a pas seulement trouvé une très belle femme qui bouge de façon naturelle et qui s’exprime de façon convaincante pour me lire mon texte d’introduction, mais a aussi, alors que je ne lui avait pas demandé, proposé un texte qui très bizarrement reprenait mes idées et celles exprimées par les personnes dans le reportage. Je précise qu’il s’agissait de données auxquelles elle n’avait pas accès. Cela veut donc dire que mon travail et mes personnes interviewées ont exprimés des idées de façon cohérente et complémentaire. Chouette !
Mais là, très vite je trouve les limites de ce beau rêve bleu…
En effet tout d’abord la belle jeune femme s’exprime comme une cousine québecoise qui a passé 5 ans à Paris. Son accent nord américain tout croqué est horrible (78 prononcé « soixaaaanteudishui ») et elle se montre aussi incapable de lire les acronymes que je dois alors retranscrire en écriture phonétique. Le texte est très beau mais contient des expressions typiques de jeune cadre dynamique (expérience transformative). Certaines idées sont des lieux communs, je les laisse donc sans les utiliser mais je remarque leur présence, on y reviendra.
Il n’en reste pas moins que j’ai aimé certaines idées et tournures de phrase, du coup je n’ai pris que ce que j’aimais et je l’ai adapté à mon travail en cours.
Au final qu’est-ce que je retiens de ma première collaboration avec une IA ?
Et bien en premier lieu je comprends bien mieux de quoi il s’agit, ce n’est qu’un vaste programme qui parcours sans cesse la toile pour y assimiler les données que nous y laissons (ces lignes en feront partie). Cette immense banque de données leur permet de répondre à n’importe quelle question avec de belle tournure et un aplomb qui nous pousse à croire que nous sommes en face d’une vraie conscience artificielle capable de jugement et de réflexion.
Mais hélas ou plutôt heureusement, cela n’est pas du tout le cas, une IA c’est au contraire plus un réseau social alimenté par des abrutis qu’un professeur qui cite ses sources. Des études et expériences récentes montrent que les résultats données par les IA sont bourrées de lieux communs (comme dans mon exemple) et plus grave, d’erreurs grossières.
Car oui une IA est un peu comme un gosse doué d’une mémoire sans limite et hyper connecté qui répète tout ce qu’il entend et lit sans pour autant se montrer en capacité de vérifier ses sources qu’il est incapable de hiérarchiser.
Travailler avec une IA reste néanmoins quelque chose qui peut enrichir un travail à condition de respecter trois règles :
- Ne jamais faire de copié-collé stupide, des logiciels gratuits sont capables de détecter un texte écrit par une IA et sont donc très largement utilisés même si en même temps ils proposent « d’humaniser » le texte pour ne pas se prendre prendre. Démonstration avec l’outil gratuit Quillbot à qui j’ai donné ma conclusion dans laquelle j’ai gardé trois lignes (pourtant un peu réécrites) de ce que l’IA m’a servi (les fautes sont volontaires c’était pour aider l’IA à mieux lire):
- Éviter les tournures pompeuses ou stylées jeune cadre dynamique, ne garder que les idées et les reformuler avec vos mots à vous.
- Enfin et c’est peut-être le plus important, vérifier les informations données par L’IA avec des sources qui font autorité et n’utiliser que les idées avec lesquelles vous êtes en phase, ne jamais laisser une IA vous faire douter de ce que vous savez sans doute mieux qu’elle ou changer vos opinions.
Voilà, après l’avoir fait presque par accident je pense retravailler de nouveau avec une IA mais en me fixant ces règles pour la laisser à sa place, celle d’une collaboratrice un peu tarte qui croit savoir beaucoup de choses mais qui au final raconte un gros tas de bêtises !