Archive du mercredi 14 février 2007
Cher Francis,
Et bien voilà, comme je devais m’y attendre j’étais bel et bien salement malade, le toubib m’a diagnostiqué une importante sinusite et m’a demandé de rester chez moi jusqu’à Dimanche sans sortir ni bien sûr travailler. J’ai eu droit à une machine pour respirer des vapeurs de produits chimiques ainsi qu’une myriade de médicaments dont certains ne sont plus remboursés par la sécu. Le médecin m’a aussi ordonné de rester au lit et de boire beaucoup…
Je n’ai pas osé lui dire que c’est ce que je fais en temps ordinaire…
Ah oui c’est vrai aujourd’hui c’est la Saint Valentin, alors bonne fête à mon siamois qui ne manifeste à mon égard qu’un intérêt limité à ses besoins alimentaires, cet abruti est revenu de dehors avec toute une portion de poils arrachés, il a beau être castré il continu de se battre pour défendre son territoire.
Sinon pour les bipèdes humanoïdes, ce jour est celui de la célébration de ce sentiment magnifié à travers les siècles par la mémoire humaine et les arts, cet amour qui en fait n’est qu’un placebo de plus ingurgité par l’humain malade de ne pas pouvoir accepter qu’il n’est qu’un animal qui a été chassé par l’évolution du grand tout universel, cet amour qui est aussi le prétexte permettant à une industrie bien rodée de faire des fortunes en vendant ces jours-ci dans le monde entier des produits que les amoureux dignes de ce nom sont obligés d’acheter. La Saint valentin se transforme vite pour les couples influençables en Saint Cent Euros de dépense…
Je pourrai comme chaque année crier ma haine de l’amour, le fait d’être malade me rend encore plus grognon que d’habitude. Nos lecteurs qui me connaissent dans la vraie vie savent que cette haine est due en partie à la frustration de n’avoir jamais été aimé par une personne de l’autre sexe et d’autre part à l’influence de mes grands maîtres en philosophie sans doute aussi frustrés que moi mais avec le talent en plus, Donatien Alphonse François, Arthur, Friedrich Wilhelm, je pense à vous qui sans doute auriez hurlé en ce jour…
L’amour c’est se mentir à soi-même en pensant que celui que l’on a choisit librement met fin à nos manques et nous plonge dans un sentiment de félicité que l’on veut éternel. En vérité le choix du partenaire est tout sauf libre puisqu’il est souvent une résurgence de nos problèmes œdipiens (le partenaire est choisi car il rappelle quelque chose de sa mère ou de son père). Quand à la torpeur que l’on voudrait éternelle, celle-ci se termine vite en divorce lorsque l’on ne dit plus « je t’aime » comme au début mais que l’on se force.
L’amour est cristallisation d’un instant où quelque chose ressemblant au bonheur semble avoir été atteint. Les amants se retrouvent dans cet état de grand détachement pendant que le temps passe autour du couple enlacé. L’amour est donc pour cette raison et pour d’autres une maladie mortelle:
Les amants ci-dessus semblent morts de s’être trop aimés. Leurs restes enlacés dont l’age est estimé à 6000 ans, ont été retrouvés dans le nord de l’Italie le 6 février dernier et seront exposés dans un musée. Quelle que soit la raison pour laquelle ils ont été mis en terre dans les bras l’un de l’autre, il y avait forcément un sentiment entre eux. La forme dessinée par le contour de leurs deux cranes qui se font face, évoque un cœur… Ce témoignage d’un grand sentiment d’amour qui a traversé le temps deviendra au final une attraction touristique… J’espère juste que les visiteurs verront en les regardant autre chose que des os exposés de façon bizarre.
Bon, si vous voulez être incollables sur la saint Valentin je vous conseille de regarder ici.
Moi je vais vite me livrer à ma tradition de la Saint Valentin, aller acheter un jeu de hasard… Pourquoi me demandes-tu ? Et bien parce que malheureux en amour heureux en jeux !
