Un sale bonhomme…

Ce matin j’ai sans le vouloir scruté le visage d’un inconnu, c’était un homme de la cinquantaine mais qui paraissait bien plus vieux. Entre ses rides et son regard éteint, il semblait en faire en avoir plus de soixante-dix et portait dans ce qui lui restait de regard une fatigue de la vie doublée d’un renoncement à en tirer du plaisir. Son visage non rasé renforçait l’impression d’un homme qui n’avait plus rien à faire de rien…

Ce matin j’ai donc passé de trop longues minutes à me regarder dans le miroir.

Car oui en ce moment ça ne va pas fort, revenir au travail en traînant les pieds, avoir des projets qui s’empilent, cette crève qui m’en fait encore baver ou plus exactement cracher, et cette fatigue due à mon surpoids contre lequel je lutte pourtant. 😦

Je me préparais donc à passer une autre journée bien pourrie avec son lot de souffrances et de quintes de toux.

Mais voilà qu’en ce moment j’ai eu la chance d’avoir avec moi une stagiaire surprise qui est si sympa et merveilleusement efficace qu’elle m’a aidé comme cela n’est pas possible avec les enfants pour un projet en arts visuel au niveau national (la fameuse grande lessive). Elle a été aussi très présente pour courir après les enfants à ma place, bref je sens qu’avec elle pendant ces deux semaines je vais pouvoir faire baisser un peu ma tension.

A midi le repas était comestible et très vert, je me suis goinfré de doucette et de betterave rouge avec une quenelle et des grains de blé.

Et le plus incroyable était encore à venir puisque aujourd’hui j’ai participé après en avoir été prévenu hier à l’évaluation externe de l’école primaire dans laquelle je travaille. Mes collègues et moi avons été auditionnés mais alors que les autres étaient en groupe, vu que je devais surveiller les enfants j’ai du passer tout seul l’après midi.

Ah oui pendant que les collègues discutaient avec les représentantes de l’éducation nationale, j’ai eu la chance d’intercepter un des enfants présentant des troubles autistiques graves du groupe d’au dessus qui avait trompé la vigilance de mes collègues. Il était descendu sans que les adultes le voit, j’ai peut-être donc évité une tragédie grave car si j’étais resté dans ma salle avec les enfants il se serait évadé et se serait aventuré dans les rues de la ville (il l’a déjà fait deux fois)… Donc assez content d’avoir été l’artisan de ce petit miracle…

Mais passons, 13h30, je vais à la rencontre des responsables de l’éducation nationales chargées de nous interroger, je me présente et je les invite à me suivre dans ma salle de travail. Et là je leur ai fait de grands discours en retraçant l’histoire de l’inclusion scolaire de l’unité pédagogique dans laquelle ma collègue enseignante qui lit peut-être ces lignes et une demi douzaine d’autres éducatrices et éducateurs ont œuvré depuis bientôt 15 ans.

A ce moment j’ai eu comme une extase, je m’enivrais de mes propres paroles et je me suis laissé porté par un optimisme que je tempérais tout de même pour rester objectif, mais bon j’ai fait une grosse impression notamment en resservant mon concept auquel je crois selon lequel mettre des enfants en situation de handicap dans une école avec les moyens adéquats profite à ces enfants mais aussi aux autres enfants qui vont apprendre la tolérance, l’empathie, faire évoluer leur représentation et une fois adulte, constituer demain une société plus solidaire et fraternelle.

Voilà, j’étais redevenu le V.R.P de l’inclusion scolaire. J’aurai pu les garder toutes la journée pour discuter avec elles… 😆

L’entretien aura donc duré presque 50 minutes, j’ai eu des félicitations pour mon engagement militant et pour ma passion et du coup cela m’a fait énormément de bien.

Ce matin au lieu de déprimer en regardant ma tronche dans le miroir j’aurai du penser à tous les projets que j’ai initié en plus de 20 ans de carrière, à toutes ces choses qui n’ont été possibles que grâce à ma passion, à mes sacrifices et à mes petites compétences, toutes ces choses qui m’ont tant appris et qui je l’espère ont été porteuses de changements positifs pour les enfants à l’image d’un concert des enfants à qui j’avais vraiment appris à jouer de la musique et qui ont été si fiers de jouer devant leurs familles et les autres enfants de l’école…

Demain si je me regarde encore dans la glace, je suis sûr que je vais me trouver au moins 10 ans de moins ! 😀

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