Strange days

Les semaines se suivent et ne se ressemblent pas. Aujourd’hui j’ai passé ma journée à rire car au niveau de mon travail, les situations absurdes se sont enchainées avec une telle célérité que la seule réaction saine était d’en rire ouvertement et de bon cœur en plus de ça ! Car non, je l’affirme aujourd’hui je n’ai pas ricané ni ironisé ni même balancé de sarcasmes, j’ai juste simplement rigolé des absurdités du jour.

Aujourd’hui c’était l’exercice de confinement et j’ai passé presque 20 minutes au sol comme les enfants je devais rester couché et silencieux pendant qu’un prof qui jouait le méchant, secouait la poignée de la porte d’entrée et tapait sur les portes et les vitres.

Le genre d’exercice absurde et inefficace vu qu’un vrai assaillant défonce les portes et ouvre le feu. Du coup jouer à faire les cibles idéales au sol c’était déjà très drôle mais voir mon petit démon que je devais garder dans cette classe se tortiller et faire toute la salle en rampant était au début gênant mais au final, constatant mon impuissance à l’immobiliser vu que moi-même je ne devais pas bouger, la situation a fini par me faire rire intérieurement mais très fort quand même.

A la fin de l’exercice j’ai appris avec consternation que la porte de ma salle ouverte a permis à l’agresseur comédien de massacrer (fictivement) deux classes dont celle de Claude. Je n’ai pas vraiment assuré sur ce coup là et à présent je fermerai toujours ma salle chose que je n’ai jamais faite.

Et puis toutes ces difficultés des enfants qui se répètent et auxquelles nous apportons les mêmes réponses, ces cris, ces regards vagues et notre impuissance face à tout cela et bien là encore aujourd’hui j’ai trouvé ça drôle. Non je ne me suis pas moqué, je respecte bien trop les enfants leurs différences et leurs difficultés. En y réfléchissant, c’est de moi que je riais comme si d’un coup je sortais de mon corps pour me contempler au milieu de cette situation ubuesque tentant en vain de mettre du sens et de l’ordre avec mes outils d’éducateurs.

Écrire tout cela m’aide beaucoup car au bout du compte je pense avoir compris ce qui m’est arrivé aujourd’hui. En fait (les enfants adorent dire « en fait » quand ils commencent à parler aux adultes comme si ils avaient compris que ces deux mots sont des mots d’adultes qui fixe leur attention et rend leurs discours crédibles à leurs oreilles). Donc oui, en fait, je pense que je viens de développer une nouvelle faculté, une mutation secondaire qui fait qu’à présent je suis capable de prendre du recul et de dédramatiser les choses. Une qualité indispensable dans un métier comme le mien où l’on doit mettre de coté les grandes espérances, accepter les limites de notre action et être conscients du temps nécessaire pour que le moindre progrès soit réalisé.

Ne pas se crisper, rester calme, serein et maitre de ses émotions tout en restant attentif et bienveillant, tout cela devient donc possible avec un sourire. Je vais tenter de retenir la leçon, cette page de mon blog m’y aidera. Ou pas ? 🙄