En quête de sens

Et voilà, le temps passe de plus en plus vite et c’est déjà de nouveau le 31 décembre, le jour va se coucher une dernière fois sur 2019 avant de se lever en 2020. Du coup cette très belle photo reçue il y a quelques jours dans le cadre de l’opération secrète « Envoyons tous des photos à Laurent » me semble de circonstance. 😎

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Alors non, je ne vais pas faire de bilan de l’année et encore moins jouer aux bonnes résolutions. Non je veux juste parler de quelque chose qui me tient à cœur, la recherche de sens dans les rites.

Ce soir des millions de français vont faire la fête se retrouver ensemble pour boire de l’alcool, se gaver, danser…

Je me souviens avoir été jeune et avoir apprécié ce genre de fête très arrosée avec les copains de la fac, notamment la fois où nous l’avons fait dans un chalet isolé avec des tonnes de neige tout autour de nous. C’était magique…

Mais hélas le temps passe et les séances de dipsomanie collective ne m’apportent plus aucune joie. Tout dernièrement j’ai même coupé mes derniers liens avec le pub où je passais beaucoup trop de temps et d’argent à chercher quelque chose qui n’était pas sur la carte : de la chaleur humaine.

J’aurai peut-être mieux fait d’aller directement dans un crématorium car après tout ce temps passé là bas, je me rends compte que les gens au et derrière le comptoir ne peuvent pas devenir des amis car ils ne le cherchent pas, leurs objectifs sont de faire de l’argent ou de fuir quelque chose pendant quelques instants.

Alors laisser ma mère toute seule le soir de l’an pour aller fêter le réveillon avec eux et une foule d’inconnus et bien non, j’ai refusé de le faire. De toute façon comme je l’ai dit, je n’irai plus là bas. Je reste chez moi en cessant de fuir ou de chercher quelque chose qui n’existe pas là où je le cherche et je regarde ma réalité en face : je suis seul avec une mère de 83 ans qui fatigue beaucoup.

Alors dans ce contexte comment donner du sens au passage de la nouvelle année ? Et bien comme chaque fois depuis plusieurs années je vais encore emprunter un certain rite à la culture japonaise.

Et oui c’est reparti pour un osōji.

L’osōji est un rite qui tire ses racines d’un autre rite plus ancien le Susu Harai datant de l’ère Edo (1603-1868). A l’époque tous les 13 décembre les japonais nettoyaient à fond notamment leurs lampes qu’ils vidaient des suies. Plus tard cette tradition s’est étendue à toute la maison en devenant le grand ménage rituel connu aujourd’hui sous le nom d’osōji. Bien loin d’être un simple coup de balais, ce ménage en profondeur à deux sens très importants et selon moi très respectables voire admirables.

– Le premier sens c’est de chasser la poussière et les choses qui stagnent symbolisant la décrépitude et  la mort en laissant entrer la lumière et l’air frais et vivifiant de l’hiver. Après le triomphe de la lumière sur les ténèbres au solstice d’hiver, cette symbolique du renouveau voire de la vie qui vient chasser la mort est très belle.

– Le second sens se joue à un niveau encore plus personnel. Mettre de l’ordre autour de soi permet de mettre de l’ordre à l’intérieur de soi. Le rangement se fait aussi dans sa tête et il en va de même pour la chasse aux choses inertes et mortifères non matérielles comme les pensées tristes ou morbides.

Ce rituel dont la symbolique se décline à la fois sur les plans spirituels et psychologiques est une très belle expérience que je renouvelle volontiers chaque année. Cette fois manque de temps et avec mon rhume de cerveau, je vais me limiter à ma chambre mais je pense y passer la journée en ponctuant tout cela avec l’écoute de mes derniers vinyles.

Mais au final j’ai toujours le même pincement au cœur en constatant qu’il me manque toujours le troisième sens du rite (car oui il y en a troisième) qui est commun à tous les rites: le fait d’être ensemble et de partager l’expérience en communauté familiale ou autre. Les rites japonais shinto et autres sont de plus en plus connus en France et appréciés pour leurs valeurs mais il n’y a pas encore encore d’associations de gens qui veulent expérimenter l’osōji ou par exemple le hanami (festoyer sous les arbres en fleurs, une autre tradition que je fais mais qui a encore moins de sens quand on est seul).

Ainsi ma recherche de sens finit là encore par me renvoyer à ma solitude que je vis très bien vu que j’ai fini par l’intellectualiser (il faudra que j’en parle en 2020 tiens). Ma mère n’ayant ni la force ni ma fascination pour les rites japonais, ne peut pas et de toute façon ne désire pas participer à mon ménage japonais qui devient donc un exercice personnel bienfaisant mais bien moins amusant.

Mais qu’importe, je préfère mille fois mon osōji en solo à une soirée arrosée avec des personnes qui bien que chaleureuses n’ont pas assez de choses en commun avec moi pour susciter et entretenir des conversations menant à des relations vraiment amicales.

Je suis peut-être difficile mais pour moi un ou une ami(e) c’est une personne avec laquelle j’ai envie de passer une journée entière voire plus en sachant que je vais en apprécier chaque moment ou presque.

Oups il est 11h00, je vais donc commencer de tout sortir dans ma piaule avant de faire la poussière et si j’ai un moment dans mon rite je ferai une photo rigolote avec le monstre pour avoir un regard un peu sarcastique sur la nuit de la dipsomanie collective. :mrgreen:

 

Une réaction sur “En quête de sens

  1. Pingback: Va 2020, je ne te hais point… | Le blog de Kimihiro Watanuki

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