Archive de « fail » commercial

Archive du lundi 5 mars 2007

Cher Francis,

       Une fois n’est pas coutume, je vais te parler ce soir de ce que l’on fait avaler à mes concitoyens et ce, au propre comme au figuré. En allant faire des courses ce matin pour trouver des enjoliveurs pour ma vieille 309, je suis tombé sur une publicité qui je ne sais pourquoi m’a énervé au plus haut point. Il s’agit d’un nouveau produit lancé par l’industrie alimentaire.

Mais à qui veut-on faire avaler ça ? Sans doute à certaines personnes qui croient aussi aux vertus des crèmes anti-rides et aux horoscopes. De toute façon le marché est porteur et ça le groupe Danone l’a compris depuis longtemps.

Cependant prétendre que des aliments peuvent servir de médicaments en exagérant leurs vertus à des fins publicitaire est un acte qui selon moi relève du dol. En clair la commercialisation de ce produit par le biais d’une campagne publicitaire qui à mon avis a de grandes chances d’être mensongère ne devrait pas, le cas échéant, être autorisée par les pouvoirs publics.

Là encore de qui se moque-t-on? D’un coté les pouvoirs publics encadrent les consommateurs allant jusqu’à les surprotéger quitte à les faire passer pour des abrutis et de l’autre ils laissent les grands groupes alimentaires leur vendre à prix d’or des yaourts camouflés en médicaments. 

Il est sûr cependant qu’un groupe affichant en 2006 un chiffre d’affaire en progression de +9.7%, soit plus de 14 milliards d’euros, n’est pas soumis dans notre beau et grand pays démocratique, aux même règles de droit que les autres acteurs économiques plus modestes. Vas donc essayer de commercialiser un yaourt qui hydrate la peau et tu verras la commission de répression des fraudes te tomber dessus avant que tes produits soient dans les linéaires ! 

Un groupe riche comme Danone n’a aucun problème pour engager des scientifiques peu scrupuleux qui donneront leur aval à des produits testés dans des procédures contestable. Là encore le scientifique corrompu fait partie de notre héritage français, entre celui qui prétend que les nuages radioactifs s’arrêtent en plein vol ou l’autre qui professe que les explosions nucléaires souterraines sont sans danger pour les habitants de Mururoa, nous avons appris à prendre du recul par rapports aux « experts » présentés comme tels par les médias et les pouvoirs publics.

Certains consommateurs éveillés ont aussi appris à se méfier des promesses des industriels de l’alimentation. l’exemple récent donné par le cœur de cible du yaourt anti-cholestérol le montre bien. Devant le bilan morose de la campagne sur les produits anticholestérol de DANONE (Danacol) et UNILEVER (Fruit d’Or Pro-activ) : ‘seulement 5 200 acheteurs en 2006), les assurances AGF et MAAF qui s’étaient engagées à un geste financier pour récompenser la consommation de ces produits visant à prévenir les maladies cardiovasculaires, ont mis fin à leur partenariat. AGF s’était engagé à rembourser les achats de yaourts Danacol et la MAAF accordait une réduction de 10% des cotisations aux consommateurs de la gamme Fruit d’Or Pro-activ.

Comprenant que les anciens avaient plus de jugeote que prévu, nos amis de Danone ont donc mis au point une nouvelle arnaque visant cette fois-ci les femmes avides de beauté et de bien-être. En cas de succès de ce produit nous pouvons donc nous attendre à voir débarquer des yaourts anti-rides, des yaourts qui protègent de la grippe aviaire et bientôt le beurre qui aide à retrouver un travail !

La balle est donc dans le camp des consommateurs, la campagne pour ce nouveau produit sera un bon test pour voir l’étendue du pouvoir de la télévision sur les masses… 

Deux ans plus tard en mars 2009, ce yaourt disparaissait des rayons malgré une campagne de lancement de 9,2 millions d’euros. Les causes étaient multiples : Incapacité à fidéliser une clientèle (60% des acheteurs avaient fini par lâcher le produit au bout d’un an), texture est trop grasse et pas assez gourmande.

Mentionnons aussi le goût trop sucré qui pouvait faire penser qu’il fallait prendre du poids pour hydrater sa peau. Autres raisons : Essensis avait pour cible initiale les trentenaires alors que certains des ingrédients (bourrache, Oméga 6 et vitamine E) sont plutôt destinés aux femmes ménopausées. Le prix, le format en petit pot non adapté pour une utilisation quotidienne et surtout le fait que l’UFC que choisir avait fini par remettre en cause son efficacité.

La « cosmétofood » qui marche si bien en Asie et ailleurs n’a donc pas pris en France. Alors peu importe les raisons de ce sympathique ratage, cela fait du bien de savoir son pays à l’abri de ces idioties. 😆

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