Ce matin après avoir été tiré du lit par mon tyran à forme féline, la radio s’est allumée à 6h00 très précise, pile-poil pour le flash info de cette radio suisse que j’écoute tous les jours. La première nouvelle de cet édito consistait à évoquer le fait qu’aujourd’hui l’UNESCO allait faire entrer la baguette française dans le patrimoine immatériel de l’humanité.
Du coup je me suis dit que ce sujet serait juste parfait pour ce soir, histoire de relancer la guerre du pain en avançant que le vrai art de la baguette non industrielle n’est plus à la portée de tous les consommateurs bernés par des fausse boulangeries qui leur vendent du pain de moins bonne qualité que celui des supermarchés.
Mais non pas envie d’en dire plus, le pain j’aime ça mais je dois encore faire pas mal de recherches et consulter pas mal de vrais boulangers acceptant de me dire la vérité sur leur secteur pour pouvoir comprendre et rapporter mes découvertes en la matière. 🙄
Non ce soir, une fois de plus je suis très fatigué.
Fatigué par mon age ? Par mon métier parfois trop intense ? Par mes petits soucis de santé ?
Non, rien de tout ça. Je suis juste fatigué par les efforts perpétuels que je fais pour ne plus être moi.
L’ancien moi était certes exécrable et très largement insupportable, lourd et maladroit, malaisant et haïssable, mais le nouveau n’est juste pas naturel et est en train de me consumer de l’intérieur. Mais voilà, nous sommes à l’époque du politiquement correct et je ne peux plus me permettre ni de faire de l’humour ni d’exposer mes penchants ouvertement misanthropes et encore moins toute cette noirceur qui vit en moi. Au bout du compte je me sens comme Mercredi Addams enfermée à Disneyland.
Il n’en reste pas moins que je suis encore au stade de l’apprentissage, je fais les essayages de ce costume qui me gratte et afin de faciliter les choses, je tente de fuir le plus possible les tailleurs qui me l’ont mis sur le dos, ma tâche étant facilitée par l’aversion qu’ils manifestent vis à vis de ma personne.
Mais en leur compagnie je dois faire comme la marquise de Merteuil dans le roman « Les liaisons dangereuses » de Laclos, c’est à dire pratiquer le détachement en m’entraînant à sourire pendant que sous la table j’enfonce une fourchette entre ma peau et mes ongles. Bon, d’accord je ne le fais pas vraiment, mais l’idée est parlante, non ? 😆
Alors oui cette transformation en cours est fatigante car je dois toujours tout rigidifier en moi, et surtout veiller à parler le moins possible. C’est donc fini les blagues débiles pendant les réunions, les interventions intempestives pour exposer mes idées déviantes ou pour céder au doux plaisir de mettre les gens en face de leurs contradictions. Non, je ne serai plus un bouffon. Mais je ne suis pas triste pour autant car je pense pouvoir m’adapter et survivre.
Je n’espère et n’attends aucune félicitations car ce nouveau moi n’est qu’un simple costume, quand je rentre chez moi je peux redevenir qui je suis vraiment et respirer tranquillement.
Non, tout ce que je désire c’est que l’on me laisse tranquille, je fais de gros efforts pour m’intégrer à la société des bien pensants alors en échange de ma bonne volonté, j’exige que l’on me laisse décider ce que je veux faire de mes temps libres.
C’est donc pour cela que je n’irai pas au pot de fin d’année au travail.
Une sacrée tirade pour une décision anodine ! 😈