Le rituel du sociologue amateur

Depuis que j’ai repris les cours de musique avec un homme que j’admire et dont j’espère un jour mériter l’amitié, je me livre à un petit rituel des plus réjouissants. Je passe les 30 minutes d’attente avant mon cours dans un petit tabac juste à coté de la salle où je torture les cordes de mes instruments.

Ce petit tabac est très orienté jeux de hasard mais vend aussi beaucoup d’alcool de mauvaise qualité, ces fameuses bières soit légères et parfumées pour les ados ou sombres et très alcoolisées comme ce que boivent les poivrots. Ce grand écart entre les binouzes n’est cependant pas une erreur mais est bien représentatif de la faune disparate qui passe par cet endroit.

Et franchement entre la mamie qui rêve de gagner à l’Euromillion, le collégien qui tente de faire croire qu’il est majeur pour s’acheter des cigarettes et qui finit par monter une histoire loufoque avec sa tante, les fans de foot qui viennent se chamailler autour de leurs pronostics, les joueurs maladifs qui claquent des centaines d’euros dans des jeux perdants, des artisans qui hurlent sur le coût de la vie et vous prennent à témoin de leur détresse… Bref en une demi-heure on voit passer une bonne partie de ce que certains politiciens ont appelé la France d’en bas, les derniers de cordée pour qui ont n’hésitera pas à couper la corde.

Et moi dans tous ça, alors que je pense détester les gens, me voilà qui leur parle, qui les écoute… Non je me sens bien avec eux car avec leurs rêves brisés et leurs coups de gueules, ils sont plus proches de moi que bien du monde. Eux aussi me remarquent de plus en plus et se mettent à parler avec moi de sujets que je maîtrise (les cartes pokemon) ou non (le foot) et dans un cas comme dans l’autre je me sens bien, souriant, apaisé, considéré… Le pied !

Car oui cette France d’en bas c’est ma France, celle à laquelle j’ai plus ou moins choisi de consacrer ma vie, mon industrie et ma passion pour tenter d’influencer positivement le destin de leurs enfants que je rencontre sur mon lieu de travail. C’est peut-être très prétentieux de prétendre cela vu que socialement je fais partie de leur caste, alors je tempère en précisant que ces petits rendez-vous de sociologie participative sont avant tout une bouffée d’air frais pour moi car je me retrouve face à des personnes que je n’estime pas dangereuses pour moi ce qui n’est pas le cas de beaucoup de mes collègues de travail.

Je me trompe peut-être, mais en attendant je rigole bien !

Alors vivement mardi prochain ! 😀

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