Tout petit déjà dans la cour de l’école mon camarade préféré c’était le banc car j’ai très vite compris que dans ma vie les amis, tout comme lui, je pouvais m’assoir dessus. En grandissant j’ai fini par cultiver cet art de la solitude en allant jusqu’à l’intellectualiser pour l’accepter voire l’intérioriser.
Tout allait bien dans ma petite vie de reclus jusqu’au moment où je ne sais pourquoi j’ai commencé à faire de la photo et donc à rencontrer pas mal de gens avec lesquels j’avais cette passion commune. Des personnes qui pouvaient m’apprendre certes des tas de choses sur la photo mais aussi et peut-être avant tout, qui pouvaient me redonner l’envie de renouer des contacts amicaux avec mes semblables.
Avec eux j’ai été poussé à sortir de chez moi, à découvrir des tas de choses, à rencontrer plein d’autres personnes… J’adorais nos sorties car tout était possible en leur compagnie, un peu comme du temps de ma jeunesse à la fac où les fêtes un peu folles se terminaient parfois dans des lieux insolites. Restaurant, alcools fins ou non, rigolades, découvertes, voyages… Tant de choses si passionnantes…
Mais la vie faisant ce qu’elle fait, ces amis se font de plus en plus rares et ces deux derniers mois les voici qui ont disparus de mon horizon me laissant seul avec ma passion photographique qui du coup perd de sa force.
Alors oui, je sais qu’ils ont des soucis, je devine aussi les effets de certains bouleversements dans leurs vies mais est-ce un caprice de ma part d’espérer un SMS de leur part en réponse aux miens ?
M’avoir tant donné pour me laisser face à une solitude encore plus forte hantée de questions lancinante que je me pose à moi-même : (Genre : Est-ce moi qui les ai déçu ?)…
Les collègues de travail et les autres passionnés que je contacte par Internet (qui merci à eux gardent actives les braises de ma passion photographique), sont importants mais en dehors d’une visite ou une rencontre, ce n’est pas avec eux que je pourrai m’amuser dans le monde réel.
Je suis donc à un carrefour de ma petite vie insignifiante.Dois-je retourner à la solitude tempérée par les collègues de travail et les amis sur Internet car dans le fond ceux qui me connaissent dans la vie réelle finissent par m’abandonner ( sans doute car je ne suis pas intéressant), ou dois-je tenter de varier mes activités, me lancer dans de nouveaux hobbies pour trouver d’autres cercles sociaux auxquels me rattacher ?
Au final tout va dépendre de l’image que j’ai de moi, et là vu comme elle est dépréciée je pense que la solitude redeviendra mon refuge. Au fond cela ne m’étonne pas vraiment, j’ai si peu à offrir et besoin de tant de choses de la part des autres…
Alors retour à ma petite solitude que je vis très bien tout en sachant qu’elle m’empêche de me réaliser et surtout de me dépasser. Peut-être que cela n’est pas une grande perte pour le monde, mais de mon coté je resterai nostalgique de ces moments où j’étais presque humain.