Archive du dimanche 29 octobre 2006
Cher Francis,
Ce matin je vais beaucoup mieux, les antibiotiques à large spectre ainsi que les corticoïdes m’ont épurés les sinus. Cependant mon état de santé n’est pas encore assez satisfaisant pour m’autoriser à sortir dans la rue ne serait-ce que pour appeler mon satané siamois.
C’est donc ma mère qui est allé ce matin encore chercher le pain. Vu que nous sommes dimanche elle en a aussi profité pour ramener le journal.
Après avoir lu en biais les nouvelles régionales et après avoir zappé les trop nombreuses pages consacrées au sport, je suis arrivé à la rubrique concernant les grandes informations nationales. C’est à cet endroit que j’y ai trouvé un article au titre accrocheur et au contenu étonnant.
Ce canard local évoquait tristement un anniversaire manqué. En effet le journal soulignait qu’il y a un an jour pour jour les émeutes urbaines faisaient rage et que pour célébrer cela les jeunes s’étaient limités à brûler deux autobus…
Le ton de l’article et des autres nouvelles concernant ces évènements me laissent à penser que les médias regrettent le fait que les jeunes n’aient pas relancé de nouvelles guérillas urbaines. Je dirai même que le ton provocateur de certains professionnels de l’information sonne comme un défi, une provocation sans cesse répétée. « Allez-y foutez la merde!!!Même pas cap !!! »
Alors mon bon Francis, tu vas me dire que la fièvre me fait perdre l’esprit et que je ferai mieux de laisser mon clavier tomber sur la couette avant de retourner dans le royaume de Morphée…
Et bien non, sache que je n’ai presque plus de fièvre et que ma perception des choses n’est pas exagérée, les médias ont un rôle voire une grande responsabilité dans la multiplication des violences urbaines et dans la surenchère des actes de destruction commis par les bandes organisées qui se défient les unes les autres par sms et blogs interposés.
Afin de te convaincre laisse-moi t’exposer mon point de vue sur la situation. Les médias font une fortune immense en couvrant ce genre d’informations surtout en leur donnant un aspect spectaculaire et menaçant. Ce faisant, l’industrie de l’information ne se contente pas d’engranger de gros bénéfices mais favorise un autre secteur économique qui est en plein essor ces temps derniers, celui des professions liées à la sécurité dans le milieu privé. En effet ces dernières années les sociétés de gardiennage ainsi que les centre des formation pour agents de sécurité ont le vent en poupe et ne cessant de prospérer en profitant des craintes engendrées par la terreur médiatique savamment entretenue.
Au niveau des politiques pas besoin de te dire quels sont les sinistres individus qui profitent de cette situation . Le premier de ces comploteurs ne se donne même plus la peine de cacher son alliance avec les médias, allant jusqu’à les convoquer pour retransmettre des opérations de police montées de toutes pièces. Le message est clair: « voyez cette violence dans nos rues près de chez vous, je sais vous avez peur, mais moi je vais faire le ménage si vous votez pour moi ».
J’aimerai que tu réalises la signification du mot « média » un média est une chose qui se place en interMEDIAire entre nous et la réalité objective. Dans un monde où l’information est partout mais est transformée manipulée voire crée par les pouvoirs économiques et politiques, il est grand temps pour nous de remettre en doute la véracité des faits qui nous sont ainsi retransmis.
La première solution est de devenir nous-même les médias en témoignant de la réalité objective lorsque nos fonctions nous offrent la légitimité pour le faire. Cependant cela est rarement possible et nos objections à l’image de ce message sur ce blog ne toucheront que très peu de personnes. Cependant nous pouvons utiliser un autre moyen pour nous affranchir de la terreur médiatique. Un moyen plutôt ironique vu qu’il utilise les propres armes de notre ennemi à savoir les multiples formes d’information mises à notre disposition. Le principe est simple, il s’agit d’examiner la même information relayée par de nombreuses sources différentes . En effet, assimiler une multitude de points de vue subjectifs peut nous aider à nous éloigner des tentatives de manipulation des masses et à nous rapprocher de la réalité objective notamment en relevant les incohérences.
Cependant tout cela demande du temps, une denrée devenue très rare à notre époque. De plus il devient de plus en plus dur de trouver des sources d’information indépendantes et impartiales, la crise de la presse écrite n’arrange rien tout cela.
J’en viens donc à penser que la meilleure solution actuelle est de boycotter l’information nationale lorsqu’elle est retransmise par les médias de notre pays et d’accéder aux nouvelles en passant par la retransmissions des événements par les journalistes étrangers travaillant pour leurs pays tout en étant en poste dans le nôtre. A ce titre, la couverture des émeutes de l’année dernière par la télévision suisse romande montrait une grande neutralité ainsi que de grandes qualités déontologiques de la part des professionnels qui analysaient la situation, tout le contraire de nos reporters vendus aux industries privées du spectacle et publiques de la terreur.
Voilà mon bon Francis, je t’encourage à repenser à mon coup de gueule d’aujourd’hui lorsque tu allumeras ta télévision pour voir les infos ce soir. Si au moins cela te suggère d’éviter de choisir de regarder le JT de TF1 qui est à lui seul un condensé de tout ce qui a été dit ci-dessus, je n’aurai pas passé tout ce temps à taper ce long message dans mon lit. Cf. photo de la semaine.