Voici donc deux semaines que ma mère est revenue de l’hôpital après y avoir subit une transfusion sanguine. Des examens sont en cours pour trouver l’origine de son anémie et en attendant je me retrouve dans le rôle d’un parent vu que ma mère est devenue un enfant capricieux et non autonome que je dois forcer à manger tout en lui apportant des soins infirmiers.
Faire cela pour sa mère est une expérience étrange que je ne souhaite à personne. Le sens du devoir et la conscience des impératifs fait que l’on fait les choses de façon plus ou moins mécanique en se blindant psychologiquement et en refoulant beaucoup de choses. Mon expérience en maison de retraite et mes facultés de résilience très fortes font que j’arrive à faire face sans problèmes.
Il n’en reste pas moins que ces circonstances complexes ont eu pour effet de me faire entrer dans une nouvelle période de ma vie. Enfin ma vie… Depuis tous ces problèmes je ne vis plus, je vivote. Je partage désormais le triste sort (mon expérience en la matière rend mon empathie crédible) des personnes qui vivent au jour le jour.
Vivre au jour, le jour c’est tout d’abord accepter d’entrer dans une routine désenchantée. Le matin je me réveille, je vais voir si ma mère va bien, et avant de partir je lui donne ses médicaments. Je ne pars pas sans lui avoir tout préparé pour sa journée. Lorsque je rentre vers 17h00, avant d’arriver je guette les signes de présence dans la maison (lumière allumée), j’ouvre la porte je soupire de soulagement de sentir sa présence et après m’être lavé au savon je monte prendre les nouvelles de sa santé. Puis c’est la bataille pour l’obliger à manger avant de faire le travail de la maison et de superviser le traitement du soir et surveiller son coucher.
C’est donc une routine macabre rythmée par des peurs plus ou moins conscientes. Une triste rengaine guère réjouissante mais qui a pour mérite de m’organiser et de me faire tenir psychologiquement parlant.
Le coté négatif de vivre sa vie au jour le jour tout en étant focalisé sur le bien-être d’une personne, c’est bien sûr le peu de place que l’on accorde à ses propres besoins. Trainer le soir, aller boire un coup, tout cela je ne peux plus le faire sans stresser ou me sentir coupable. Ma vie sociale bien que restant possible grâce à des amis compréhensifs, a cependant perdu toute sa saveur. Je n’exagère pas en écrivant que prendre du temps pour moi est devenu une expérience désagréable. Vendredi je vais tenter de reprendre mes cours de basse mais je crains de ne pas réussir à me concentrer sur mes cordes et sur les instructions de mon prof pendant les 50 minutes du cours car mes pensées seront tournées vers ma mère à l’étage.
Vivre au jour le jour c’est aussi dire adieu à toute forme de projet, mes lendemains sont devenus si fragiles que je n’arrive même plus à imaginer des choses dans un avenir proche qu’il s’agisse de projets personnels ou de la simple joie de revivre un printemps.
Mais si j’écris tout cela ce n’est pas pour me plaindre (je vous rappelle que je ne veux plus m’apitoyer vainement sur mon sort dans ces pages). Non, je fais mon devoir d’aidant, les choses sont ainsi faites et je les accepte sans broncher considérant que cela se rapproche d’un équilibre cosmique ou plus modestement d’un retour de karma voire du concept japonais de « giri » (義理) auquel je suis très sensible.
Au final si j’écris cela c’est pour toutes celles et ceux qui comme moi vivent depuis bien plus longtemps que moi au jour le jour pour des raisons proches ou éloignées des miennes.
Puisse le billet de ce soir vous aider à comprendre les personnes qui vivent au jour le jour et à ne pas les juger en les accusant de concourir à leur propre détresse.
Car vivre au jour le jour n’est jamais un choix, il s’agit bien au contraire de la conséquence d’évènements plus ou moins prévisibles face auxquels on manque d’options et qui finissent par faire basculer une personne dans une logique de survie caractérisée par une demie-vie.
Alors ce soir big up aux half-life ! 😎
Bonsoir .
Tu passes d’un rôle de célibataire a un rôle d’aidant.
Pas facile , j’en conviens aisémant
Sans me répéter par contre , tu dois bien avoir la possibilité de mettre en place le passage de tiers personnes .
Sinon ton département est en dessous de tout pour l’aide a la personne agée.
Cela ne te remplacera pas , mais tu auras au moins l’esprit tranquille sans avoir la crainte de retrouver ta mère à terre suite a une chute.
Pour revenir à notre sujet , tu passes donc de ton role de célibataire a un role d’aidant , comme je le disais plus haut.
Fini la liberté , de sortir a l’envie , de rester trainer avec les copains ……. en un mot tu t’entraines au mariage 🙂
Loin de moi l’idée de me plaindre …. Linette n’est pas derrière moi 🙂 ….. mais c’est un peu ça .
Je te laisse cogiter mon Ami 🙂 🙂
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Ouhllà doucement avec Linette ! Moi je suis pour la paix des ménages ! 😆 Le dossier de demande d’aide part demain pour le reste la demande d’aide d’urgence n’a rien donné car il n’y a aucun moyen ni personnel pour ça dans mes secteur. Oui dans mon coin on est mal barrés… 🙄
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