Archive en mode auto-diagnostic

Archive du Samedi 24 mars 2007

Cher Francis,

       Comme tu le sais je travaille sur mon mémoire. Ce travail de recherche vise à répondre à la question suivante: Les activités des éducateurs avec les ordinateurs sont-elles à même de réduire l’expression des désavantages accompagnant le handicap moyen et léger chez l’enfant. Ce travail me pousse donc à aborder d’un point de vue neutre les apports réels qu’offre mon outil de prédilection. 

C’est alors qu’en me penchant sur les limites et aspects négatif de l’ordinateur que j’ai très vite fait le lien avec mon propre usage de ces machines. L’informatique en déboulant dans ma vie a chamboulé bien des choses et le plus souvent dans le mauvais sens.

Je dois reconnaître que cet outil est devenu pour moi un vrai carcan qui n’a de cesse de mieux me séduire afin de m’entraîner toujours plus loin dans des activités aussi vaines que chronophages.

Depuis que j’ai un ordinateur je ne lis presque plus de livres, je ne fais plus de promenade et ma perception subjective du temps est faussée. 

Je me rappelle de ma vie d’avant, je cherchais des partitions pour jouer des chansons sur une des mes trois guitares. Aujourd’hui si je fais retentir un son de cordes c’est parce que j’ai buté dans une de mes guitares en me déplaçant d’un écran à l’autre… Pitoyable…

Mais le pire dans cette aliénation grandissante c’est que je suis conscient de ma dépendance à ces machines sans pour autant désirer m’y opposer.

Ces machines sont au croisement de toute mon existence. Communication, expression, travail, recherches, distractions… Il n’existe pas un seul aspect de ma vie qui ne soit pas connecté à l’informatique. Chacun de mes ordinateurs a une fonction bien précise ce qui explique que lorsque l’un d’entre eux rencontre un problème je ressens cela comme une maladie affectant mon corps.

Mon premier ordinateur, Dellia photographié ci dessus en compagnie de Mokona est mon plus ancien poste. C’est aussi la machine qui est consacrée au travail et à la création de ces lignes. Une panne de Dellia est ainsi ressentie dans mon esprit comme un accident handicapant mes sens. Cet ordinateur fait partie de moi, il est une extension de mon corps où se trouve le siège de mes autres sens.

Le bilan est effrayant, je ne sais plus comment vivre sans ordinateur alors que je m’en suis très bien passé pendant plus de vingt ans. Le mois dernier alors que je me préparai à envoyer des questionnaires dans le cadre de mon mémoire, je commençais à travailler sur un projet d’envoi de questionnaire par Internet avec des scripts complexes que je savais ne pas pouvoir maîtriser, tout cela parce que j’avais oublié que pour envoyer des choses il y avait aussi la poste !!!

L’ordinateur perverti mon rapport au temps, mon rapport au réel et mon rapport aux autres en m’offrant un semblant de vie sociale alors que cet hygiaphone n’est au mieux qu’un début de communication.

Pas besoin de faire de grandes théories pour savoir comment j’en suis arrivé là. Ma vie est faite de vides et de carences, l’ordinateur et Internet se sont immiscés dans ces failles pour les remplir d’un épais brouillard me permettant de croire en une plénitude alors que dessous ce voile intangible le vide réside toujours et prospère.

Le pire est d’être conscient de tout cela sans avoir les moyens ou même je l’avoue, l’envie de revenir à la vie d’avant. 

J’espère cependant qu’un jour prochain, je saurai trouver un autre objet d’attachement me permettant d’accéder au monde de façon aussi complète mais plus libre et plus humaine.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s