Alors que je viens d’entamer la dernière moitié de mon pain maison, une évidence s’est révélée à moi, je suis comme obligé de consacrer le billet de mon 21ème jour de vacances au bilan suite à cette expérience.
Alors oui, réconciliation, révélation, consacrer… Mon vocable du jour a des accents religieux et ce n’est pas un hasard car dans de multiples cultures surtout orientales, le pain est un don de Dieu. (Dixit le bouquin qui m’a poussé à me lancer dans la boulange amateure).
Alors même si mon premier pain est bon sans être non plus divin, je vais structurer ce billet en distinguant les différents apports que j’ai dégagé suite à cette expérience.
- Des apports nutritionnels et de santé : Ce matin je me suis fait une tartine avec un peu de beurre et du miel et en plus de m’être régalé, je me suis senti rassasié comme jamais avec si peu de nourriture. Je pourrai passer le reste de ma journée sans rien manger d’autre car ma faim « biologique » a été aussi comblée que ma faim « psychologique ». Cette nourriture me comble et le fait d’avoir utilisé 50% de farine complète a aussi des conséquences très bénéfiques sur mon organisme niveau nutrition et digestion.
- Des apports philosophiques : Faire du pain c’est comme développer et tirer un film, il faut travailler dans le temps et parfois cela devient assez physique mais bon pas autant que ma façon de pétrir ma pâte avant sa première pousse. 😆 Du coup travailler avec ses mains et prendre du temps pour faire les choses fait que je ne regarde pas ce pain comme les autres pains et c’est clair que je vais également le savourer jusqu’à la dernière miette sans en gaspiller la moindre quantité. Donc oui, cette expérience de boulangerie amateure m’a réappris à respecter le pain (que j’ai même envie d’écrire avec un P majuscule, c’est dans ce genre de circonstance que je regrette de ne pas être allemand. 🙂 ) Sinon cette expérience m’a aussi fait entrevoir un autre modèle de société, celle d’avant où le temps avait un sens et où en absence de confort matériels et d’accessoires ménagers et de temps de travail bien supérieurs à 35 heures, on arrivait tout de même à trouver le temps pour faire son pain et à prendre du bon temps, forcément sans écrans stupides et chronophages on en trouve du temps…
- Des apports économiques : Faire ce pain énorme qui va me durer plus de 4 jours m’aura coûté moins de 1,50 euros. Alors oui, cela prend du temps, mais dans un contexte de réorganisation budgétaire c’est négligeable et encore moins si l’on met à profit les longs temps de pousse de la pâte pour faire d’autres choses.
Mais de façon plus générale et plus directe, cette expérience m’a mis en face d’une triste réalité. Selon moi la façon dont nous avons négligé le pain pour en faire un aliment manufacturé produit en très grand nombre à grand renfort de produits chimiques et ce au prix d’une qualité de plus en plus médiocre et au final d’un effroyable gaspillage alimentaire et environnemental, et bien cela résume les choix désastreux des pays riches. Oui, pour moi c’est clair que le destin du pain naguère sacré au point de ne jamais le poser à l’envers sur une table et qui est devenu si insignifiant qu’on le balance à la poubelle (je fais le maximum pour que cela ne soit pas le cas à la cantine), montre à lui seul à quel point nos sociétés occidentales en perdant la valeur « pain » ont perdus tant d’autres choses et ont précipité le destin de nos civilisations.
C’est vrai que c’est sans doute exagéré, mais voilà, je me mets à penser que si aujourd’hui tout le monde se mettait à faire juste une fois du pain « maison » cela changerait beaucoup de choses sur notre façon de consommer et de respecter notre planète, la nourriture ainsi qu’autrui. On peut toujours rêver, non ? 🙄
















