Archive photo

Archive du Jeudi 21 Août 2008

Cher Francis,  Aujourd’hui de retour une fois de plus de la boutique de mon photographe de plage, je te propose cette photo noir et blanc que j’ai prise sur la plage il y a trois jours.

Canon AE1 Program, Ilford FP4, FD 135 mm vitesse 250/1000, ouverture de 8.

Un peu d’amour et de tendresse dans ce monde de violences et de mensonges.

Douze années plus tard, cette photo continue de m’interpeller, je l’avais oubliée et le fait de la retrouver comme étant dans mes archives, le seul sujet d’intérêt d’un 21 août est un hasard troublant. Quoique le hasard vous savez ce que j’en pense c’est écrit en japonais sur la bannière de mon blog.. (Au passage code hexa : 07754d)

A l’époque je faisais beaucoup de 35mm et je m’étais mis en tête de photographier discrètement les gens sur la plage. Mon regard avait été attiré par cette scène somme toute banale quoique emprunte de tendresse mais ce n’est que plus tard que j’ai compris pourquoi. L’espace vide, le regard du garçon qui semble chercher quelqu’un.

Et oui nous sommes encore dans une photo bien symbolique sur l’absence du père, en résumé une photo qui vient encore interroger mon histoire personnelle.

L’homme qui aimait les monstres

Cet été j’ai passé beaucoup trop de temps sur le tube et cela en dehors de me faire perdre un temps précieux ne m’a servi qu’à une chose, découvrir de nouvelles chaines intéressantes ou ouvertement stupides. 🙄

La chaine que je présente aujourd’hui fait partie de la première catégorie, c’est celle de Will McDaniel, un anglais qui s’amuse avec des monstres qu’il fabrique et anime pour faire des sketchs à l’humour très british visibles sur sa chaine ouverte le 13 février 2008.

Sur IMDb il est crédité pour les effets spéciaux de deux courts métrages réalisés par Tom Ska, un autre you tubeur très connu pour ses dessins animés et dont l’humour aussi absurde que corrosif se marie très bien avec les créatures de Will McDaniel. J’ai ainsi regardé « big fat monster« et franchement je me suis régalé ! L’autre collaboration avec Tom Ska (the confession 3) est très marrante aussi mais ne contient pas de monstres juste quelques effets bien gores.

Ce que j’aime dans le travail de Will McDaniel en dehors de cet humour à base de nonsense et en général très noir, c’est ce flirt continuel avec les frontières de la folie. Certaines de ses vidéos peuvent être dérangeantes sur ce point. Nous sommes très proches de l’univers de Cronenberg mais l’humour et le sourire constant de Will viennent tempérer tout ça, du coup la chaine reste abordable pour un large public.

Je me sens vraiment proche de l’univers de ce créateur et cela me donne envie de devenir l’un de ses mécènes par le biais du système patreon. Surtout qu’il semble avoir fait une créature pour chacun de ses bienfaiteurs (on les voit à la fin de la vidéo dans le générique de remerciement).

Ceci écrit, histoire de vous faire découvrir le bonhomme, je vais le laisser vous présenter la créature qu’il a commandé sur sa boutique imaginaire pour faire face au confinement : the lock down buddy ! C’est juste énorme !!! 😯

Je vous laisse donc dans la meilleure compagnie possible celle des monstres pas forcement si gentils que ça mais très rigolos ! 😆

La vie des autres

Souvent dans ces pages je me plains de ma vie, de ma solitude réelle et existentielle et en général de tas de choses qui m’angoissent à plus ou moins courte échéance.

Forcément dans cet état d’esprit, j’ai tendance à regarder la vie des autres avec envie en me limitant à relever quelques points positifs pour décréter qu’elle est forcément meilleure que la mienne. Mais même en étant bien conscient que le bonheur n’existe pas et ce pour aucune personne, je ne m’attendais pas pour autant à trouver autant de souffrance dans la vie de personnes que j’estimais chanceuses.

Ces dernières semaines j’ai eu tant d’exemples de souffrances aussi profondes que cachées que cela me donne envie de parodier Shakespeare en écrivant : « montre-moi un homme heureux et je te montrerai une tragédie ».

Un des signe révélateur de malaises profonds chez les personnes qui cachent leurs souffrances c’est la consommation d’alcool. Face à une personne qui boit beaucoup, notre jugement est souvent biaisé. Si c’est un proche qui se prend des murges on en parle en rigolant avec lui et si c’est un inconnu avec ce qui semble être une vie de merde alors là nous pensons directement que nous sommes face à un alcoolique. Mais est-ce si simple?

Mon opinion sur la question renforcée par mes dernières observations est la suivante : chaque fois que l’on est face à une personne qui boit jusqu’à s’en rendre malade c’est que cette personne, et ce peu importe les signes extérieurs de bien-être et de vie équilibrée qu’elle manifeste, est en fait une personne qui n’est pas bien dans sa vie..

Alors oui le papy qui se bourre la gueule à un mariage, le copain marié père de famille avec une belle situation qui se prend de grosses murges à chaque fois qu’on boit avec lui, cette célébrité bien connue pour ces excès… Tous ont pour point commun de cacher de profondes souffrances que l’alcool vient révéler sans avoir besoin de leur délier la langue.

L’alcool consommé avec excès est comme une drogue, ses ravages à court, moyens et long terme sont un prix très lourd à payer pour quelques instants de détachement, de flottement. Ainsi pour vouloir payer ce prix pour si peu et risquer comme pour toutes les drogues de tomber en dépendance, il faut vraiment avoir une grosse souffrance en soi et penser que seul l’alcool peut l’effacer tout en sachant que ce n’est que de façon provisoire.

Les personnes porteuses de souffrances cachées et qui boivent de façon régulière pour tenter d’y échapper ont d’ailleurs mis au point certaines stratégies pour que leurs crises de dipsomanies (c’est le nom médico-psy de la murge) ne soient pas repérées comme révélatrices d’une détresse. Notre mentalité franchouillarde facilite bien les choses, entre copains on se raconte souvent les murges que l’on prend en rigolant de ces « exploits » mais ce n’est qu’entre de vrais amis que l’on peut s’interroger sur la raison qui nous a a poussé à tant boire. Pour les plus jeunes la dimension de défi est aussi bien présente, tester ses limites face à l’alcool approcher le coma éthylique pour en tirer de la gloire et parfois dans un groupe ritualiser l’usage de l’alcool pour en faire un rituel de passage dans une société qui n’en a quasiment plus…

Et moi dans tout ça ?

Mon corps de par ma corpulence et mon entrainement tolère assez bien l’alcool mais je n’ai aucune envie d’en boire lorsque je suis seul et quand je suis avec les autres je me fixe aussi des limites ce qui me permet de veiller à la sécurité des gens qui autour de moi continuent à boire. C’est très prétentieux mais c’est vrai, je l’ai encore testé la semaine dernière.  Je n’ai pas besoin de l’alcool pour conjurer les démons qui sont en moi, je les ai regardé en face depuis bien longtemps et depuis nous avons appris à faire bon ménage ensemble.

Cependant au moment de conclure ce billet hebdomadaire je vais écrire quelque chose de très horrible mais que ma sincérité m’interdit de cacher : découvrir les souffrances des personnes que j’enviais m’a procuré un incroyable soulagement. Je ne me plaindrai plus de ma vie de merde car je crois que tout autour de moi des tas de personnes que je pense être heureuses et équilibrées cachent en fait de profondes blessures d’autant plus lancinantes qu’elles s’interdisent de les verbaliser et restent ainsi seuls avec elles.

Au fond je l’aime bien ma petite vie de merde !  😈

Une bière au poil !

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la 8 août dernier, une brasserie d’Alberta au Canada a lancé sa nouvelle bière. Une IPA (c’est marrant à présent ils disent Hopped Pale Ale, donc va falloir dire HPA ?). Bon peu importe c’est une bière du genre de celle que j’aime bien, bien houblonnée et à base de houblons citrus pour un double effet rafraichissant.

Pour nommer cette bière ces brasseurs décident de lui trouver un nom exotique et en consultant un dictionnaire en ligne de maori, Ils choisissent le nom « huruhuru » ce qui selon ce « dictionnaire » veut dire « plume » en maori. Nommer cette bière plume a bien sûr pour but de souligner la légèreté de ce nouveau produit. 😎

Une fois le produit lancé, la brasserie communique à fond sur sa nouvelle bibine et c’est là que ça commence à devenir rigolo… 🙄

En réponse à la promotion de cette nouvelle bière sur Facebook, un vrai maori, Te Hamua Nikora, a dévoilé dans les commentaires la vraie signification du mot « huruhuru » dans le langage maori. Mauvaise nouvelle pour la brasserie, ce mot signifie en fait « poils pubiens »!  😆

Te Hamua Nikora insiste bien à propos sur un point important. Son peuple en a marre de voir son langage pillé et utilisé à tort et à travers juste parce qu’il est exotique pour le reste du monde. Les français devrait d’ailleurs dire la même chose aux japonais quand ils utilisent et déforment notre langue notamment dans le nom des magasins mais entre l’hommage à notre culture et le fait que cela nous fait beaucoup rire, nous laissons couler. Pour les maoris, le poids de l’histoire fait qu’ils sont bien plus susceptibles et je les comprends tout à fait.

La brasserie quand à elle, présente ses excuses et admet que la moindre des choses aurait été de demander l’avis d’un vrai maori au lieu de chercher un nom n’importe comment dans un dictionnaire et promet que son produit va changer de nom.

La morale de l’histoire ? Il faut éviter d’utiliser surtout de façon commerciale des mots dans un langage étranger que l’on ne connait pas car cela peut aller loin, jusqu’au fin fond de l’Océanie !

Le concours

Chaque année les éleveurs de chevaux comtois se retrouvent dans un village du coin. C’était jeudi dernier 13 aout et cette fois-ci j’y suis allé avec mon Yashica Mat 124G et en suivant un éleveur trop concentré pour faire attention à un mec de mon gabarit qui tourne autour de lui et de sa jument de concours avec un TLR 😆 . J’ai ainsi fixé sur film Kodak Portra 160 un instant intéressant, celui de la divulgation des classements, qui selon moi illustre bien la dualité de ce rassemblement.

Car oui, d’un coté le public vient en masse uniquement pour voir et toucher les chevaux sans rien comprendre de ce qui se passe vraiment.  Notez par exemple la fille sur la droite qui regarde dans l’autre sens tellement elle se fiche des résultats qui sont proclamés. Les éleveurs quand à eux sont sous l’emprise d’un stress énorme. Ce que peu de gens savent, sauf ceux qui comme moi ont grandi avec des fils de paysans et d’éleveurs, c’est que dans un comice, c’est leur travail sur plusieurs années qui est jugé par les experts selon des critères très complexes.

Un échec ou une bonne place ont tous deux des grandes conséquences sur leurs crédibilité et leur avenir économique dans ce secteur. Bref oui, ce sont pas mal de choses qui se jouent pour les éleveurs au moment des résultats, d’où cette tension bien palpable et je l’espère visible dans cette photo :

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Yashica Mat 124G Portra 160, photo faite jeudi et développé aujourd’hui, scan V700

Entre le stress de l’éleveur et celui du cheval on a un flou de bougé sur certaines parties du corps des deux sujets mais franchement je trouve que ça transcrit encore mieux cette tension que j’évoque plus haut.

Ma guerre contre les choses est presque terminée, j’ai de nouveau accès à mon labo et j’espère avoir le temps (chronologique et météorologique) pour me lancer dans le 8×10 C41 (la diapo 8×10 c’est déjà testé). A suivre dimanche prochain ?

Souvenirs de pêche

Lundi 14 août 2006

Cher Francis,

       Le vent est enfin tombé, le vent de terre soufflant vers la mer s’est apaisé et laisse sa place au vent de mer qui commence à souffler.

Après deux semaines d’attente, je peux enfin sortir mon matériel de pêche.

Bien entendu, malgré mon inspection d’avant le départ, je me rend compte que mes cannes sont abîmées et que mon moulinet est mal préparé. le problème c’est que je m’en rend compte sur le rocher.

J’improvise quelques réparations de fortune sous les yeux intrigués d’une bande de bedeaux qui s’arrêtent sur le quai pour me regarder pêcher. Les réparations ne tiennent pas plus d’une heure et moi je suis à deux doigts de balancer mon matériel à l’eau afin de donner un exutoire à toute cette frustration qui m’envahit. Mais je reste là, gérant mon impuissance à contrôler la situation tout en faisant face aux regards des autres pécheurs et de la demi douzaine de personnes qui se trouve toujours derrière moi. Peut être attendent-ils que je fende le chenal en deux comme Moïse… 

D’autres pêcheurs arrivent et lancent leurs bouchons quasiment sur le mien si bien que les lignes s’emmêlent. A gauche comme à droite mon rayon d’action se réduit alors que les difficultés techniques se multiplient. Mon moulinet bloque le fil, la petite boule d’arrêt du bouchon ne reste pas à sa place et envoie mon hameçon racler le fond de l’eau.

Malgré tout cela je réussis de temps à autres à effectuer un lancer correct et là ce sont les chalutiers qui arrivent m’obligeant à relever ma ligne pour ne pas risquer d’emmêler mon fil dans leurs hélices. 

Puis enfin je me retrouve avec une pelote inextricable de nylon dans les mains créée par mon moulinet et mes nerfs défaillants. 

Là je n’y puis plus, je tape l’eau avec ma canne d’un grand coup rageur avant de replier le matériel pour rentrer.

Bilan de la journée: 5 euros de vers qui n’auront servi qu’à m’énerver pendant deux heures et demi et tout cela pour deux touches…

Mais tu le sais bien Francis, je suis obstiné j’y retournerai donc demain. En attendant je vais plonger dans la mer qui commence à faire des jolies vagues bien sympathiques…

En relisant tout ça 14 ans plus tard, je trouve la scène presque comique, non ouvertement comique.

Quelques années plus tard, je laissais tomber la pêche comprenant que cette activité se résumait à jeter de l’argent dans l’eau et surtout en remarquant la ratification des poissons dans le chenal et sans doute ailleurs. Alors entre participer à un massacre écologique (tuer des poissons et polluer avec mes maladresses) et gaspiller mon argent, j’ai tout laissé tomber pour passer plus de temps dans l’eau.

Comme j’aimerai y être dans cette eau bien fraiche… La mer me manque et je me demande si je la reverrai un jour. 😥