D’une peur à l’autre…

Nos vies d’être humains semble jalonnée de peurs. Au delà des phobies et autres peurs du même genre, ces peurs se succèdent et nous façonnent. La première peur est sans doute celle de notre venue au monde. Quitter le ventre protecteur de la mère et découvrir un monde immense et effrayant qui nous accueille avec une fessée pour déclencher notre premier souffle est un traumatisme dont nous ne pouvons heureusement pas nous souvenir. Par la suite, avant même d’avoir accès au langage la peur de la séparation fait que nous pleurons et hurlons lorsque nous sommes seul(e)s. Puis vient le temps des peurs imaginaires enfantines, les animaux dangereux au sens proverbial, les fantômes, les monstres sous le lit ou dans le placard.

En grandissant encore un peu on arrive aux peurs plus existentielles comme la peur de grandir, la peur de changer (puberté), la peur d’être trop différent(e), la peur de ne pas plaire avec son corps et son esprit, la peur de ne pas être accepté(e)s ou reconnu(e)s, la peur de vivre seul…

A l’age adulte avec les responsabilités qui nous tombent dessus c’est la peur de ne pas trouver de travail, la peur de le perdre, la peur de ne pas être à la hauteur dans sa vie professionnelle ou dans sa vie de couple ou dans sa vie de famille…

Plus loin encore c’est la peur de vieillir, la peur de la maladie, la peur des incertitudes la peur de l’après pour soi et nos proches, et in fine lorsque nous nous rapprochons de notre dernier souffle, la pire des peurs, celle d’avoir gâché sa vie de la faute en partie de ces peurs qui nous ont empêché d’oser vivre.

C’est en repensant à cette succession de peurs avec lesquelles j’ai encore pas mal de choses à régler que j’ai choisi la photo d’aujourd’hui.

Elle date de l’été 2019. Des experts embauchés par la ville étaient passés dans ma salle de classe pour faire des mesures de polluants atmosphériques dangereux et cancérigènes, les fameux gaz Formaldehydes.

Les résultats étaient assez inquiétants pour ma salle et pour celle du prof d’à coté et j’avais demandé des explications et des analyses complémentaires avant une éventuelle intervention de dépollution. J’étais stressé et inquiet pour les enfants et pour moi-même et j’avais envisagé d’acheter une machine extrêmement coûteuse pour purifier l’air.

Aujourd’hui en revoyant cette photo, j’ai presque le sourire. J’aimerai tant revenir à cette époque ! Ce danger chimique bien réel s’il avait été clairement établi (ce qui heureusement n’a pas été le cas) était cantonné à quelques pièces et aurait put être évité par de simples mesures d’aération et de dépollution. C’est hélas tout le contraire pour la peur acteulle que je partage avec vous. Oui je parle bien sûr de ce fichu virus qui est de plus en plus incontrôlable et imprévisible de jour en jour. 😦

Brrr…

Second jour de confinement, c’est aussi Halloween. Je me demande ce qui se passe dans la tête des personnes qui dans ma rue et ailleurs ont décoré leurs maisons avec des squelettes et d’autres représentation de la peur et de la mort. En cette période de pandémie dans le creux de la seconde vague tout devrait nous dissuader de rigoler avec la grande faucheuse, non ?

Mais cela serait juger sans vraiment réfléchir, car lorsque l’on a des enfants et lorsque l’on cherche à les rassurer en leur donnant les repères habituels, je comprends qu’à contre cœur ou non on cherche à retrouver un peu de normalité avec cette fête aux racines plus complexes qu’une simple opération marketing made in U.S.A.

Pour ma part cette année je n’ai vraiment pas envie de voir des films d’horreur en mangeant du popcorn comme je le fais d’habitude tous les 31 octobre. Non, ma seule concession à Halloween pour cette année sera le partage de cette photo faite avec mon téléphone portable à la cantine de l’école.

Il s’agit de l’ombre sur la table d’un bricolage sur vitre plus connu (du moins pour moi) sous le nom de windows colors. Il s’agit de peinture spéciale que l’on fait sur une vitre pour la décorer, la couche est plastique et épaisse et peut donc se décoller à la spatule lorsque l’on en a marre. Cette photo c’est donc l’ombre de Bambi personnage bien connu du dessin animé éponyme de Walt Dysney.

L’image est inquiétante voire ouvertement effrayante et est donc parfaite pour cet Halloween très spécial. Au delà du relatif effroi suscité par cette image, la symbolique est encore plus intéressante. Dans certaines circonstances des choses bien mignonnes et anodines peuvent devenir de vrais cauchemars, ce windows colors regardé sur la vitre est assez réussi et mignon mais son ombre déformée sur la table est cauchemardesque.

Le dessin animé dont il est tiré est lui aussi un très bon exemple. Pour moi cette histoire est d’une si grande violence psychologique (après une longue séquence pour que l’enfant s’identifie à Bambi, on arrive au meurtre de sa mère en mode suggéré pour rendre la scène encore plus anxiogène), que Walt Dysney a traumatisé toute une génération d’enfants dont je fais partie. Jouer avec les angoisses de séparation des enfants n’est qu’un autre méfait de cette firme que j’abhorre.

Plus tard les dessins animés japonais un peu trop réalistes et sérieux dans leurs thématiques achevaient de nous démoraliser. Je me plais à penser qu’il y a un lien avec la très forte consommation d’anxiolytiques et autres médicaments du même genre en France…

Bon, je mets ça de coté, il fait beau je vais faire une sortie autorisée et tenter de développer un film pour la photo de demain… 🙄

Photo animalière

C’était l’après midi du 30 mai 2018. Avec les enfants de mon atelier photo nous étions en train de nous balader appareils en mains pour travailler sur notre thème du mois (les animaux dans la ville) quand soudain j’ai vu ce bel héron se poser sur le petit étang artificiel du nouveau parc municipal. Il avait repéré et allait dévorer une grosse perche (j’ai encore les photos que les enfants ont pris du repas sanglant de cet échassier).

Mais avant le passage gore, j’ai utilisé mon D300 pour photographier l’atterrissage de cette bestiole en mode kung-fu je n’ai réalisé que plus tard que j’avais aussi son reflet dans ma composition.

Alors oui, il y a du pixel car il y a du recadrage (je n’ai pas de focale longue pour les photos animalières), mais bon, ça reste stylé, non ? Par contre, même si je me suis fait plaisir avec cette image, cela reste du mauvais numérique qui ne suffira pas à me motiver pour m’aventurer dans la photo animalière. 🙄

La grande baignoire

Mercredi matin vu qu’il ne pleuvait pas, je suis allé faire une sortie en ville avec mon groupe photo. Grosse erreur il faisait trop froid et sec et même très habillé je me suis enrhumé une fois de plus. Mais bon les gamins vont bien et ont profité des joies simples de l’automne qui suffisent à combler un cœur d’enfant comme ramasser de jolies feuilles mortes ou se faire un trésor en se remplissant les poches de marrons.

De mon coté j’avais un reflex Canon chargé avec une diapo périmée et le D700. C’est avec ce dernier que je me suis amusé à faire la photo ci-dessous.

Les bains douches sont des anciens bains publics reconvertis en restaurant/salle de concert et le fait d’avoir installé cinq canards de bain géants en plastique face à l’enseigne « bain douche », transforme ce paysage en gag visuel géant.

Dommage ça ne me fait plus sourire car cela fait déjà plusieurs années que cette installation est en place.

Mais si vous ça peut vous donner un petit rayon de soleil voire un léger sourire… 😉

Notre petit orchestre…

Hier matin je me suis levé très tôt pour terminer l’installation de mes instruments dans la salle de classe où je travaille. J’ai utilisé cette veille armoire vitrée dans laquelle j’ai vissé trois supports pour tenir la basse 3/4, Ma guitare pour le travail et mes cours du mardi (la blanche au centre) et la guitare 3/4 ainsi que la batterie électronique, l’orgue et les deux amplis.

Une guitare ou basse 3/4 est un instrument au diapason court qui convient aux enfants de par sa taille réduite.

Notre projet c’est d’interpréter (musique et chant) une version parodique d’un tuve des années 80, histoire de dédramatiser un peu nos quotidiens marqués par l’épidémie et surtout de ramener un peu de sourires et d’espoir. Ma collègue a presque fini l’écriture des paroles, notre batteur progresse bien ainsi que notre bassiste qui accepte enfin d’avoir mal aux doigts. 😆

Ce matériel c’est de la récup (l’orgue) du prêt (l’ampli, merci Claude ! 😉 ) mais pour le reste c’est mon argent car bien sûr pas de budget. Je ne demande d’ailleurs même plus, quand je crois à un projet j’en parle pour qu’il soit approuvé mais par la suite je fais ce qu’il faut pour le réaliser, quitte à payer moi-même. Là entre l’achat des instruments et les frais de luthier il y en a pour un peu moins de 400 euros.

Alors oui ça fait hurler, surtout que la nouvelle guitare doit encore passer chez le luthier car elle est injouable en l’état. Mais bon, ces instruments restent ma propriété, je pourrais toujours les revendre une fois le projet terminé. Et surtout et ça je ne l’avoue à personne, je me fais beaucoup plaisir en achetant des choses, pour moi je me l’interdit de plus en plus car j’ai tout ce qu’il me faut, alors du coup acheter pour un projet c’est une façon de contourner cette interdiction auto-affligée. Ce raisonnement est bien tordu mais j’espère que vous le comprendrez, sinon c’est pas grave pensez que je suis un type bizarre à l’image des choses que je raconte dans ces pages les mardis et à présent les vendredis. :mrgreen:

One vision…

C’était il y a trois ans, un mercredi alors que je me baladais avec le groupe d’enfants de mon atelier photo (oui c’est tout de même bien d’être payé pour faire ça…) nous étions arrivés vers le pont et j’avais mon Nikon D300 autour du cou. Les enfants faisaient du bruit tout contents d’être à l’extérieur et de faire des photos et leur raffut déclencha l’envol de deux cygnes qui jusque là vaquaient tranquillement à leur occupation d’anatidae. Et c’est à ce moment que j’ai déclenché en faisant cette photo qui pour moi est de très loin la meilleure photo que je n’ai jamais fait en numérique.

Ce que j’aime dans cette photo c’est son symbolisme, tout est sombre, inquiétant (je n’ai pourtant rien fait, pas de vignetage en post traitement ni autre chose) et au centre de cette noirceur deux cygnes blancs baignés dans une clarté aveuglante qui prennent leur envol vers un secteur du ciel qui lui aussi est irradié de lumière. On est presque au delà du symbolique car l’image pourrait avoir, selon qui la regarde, un caractère ouvertement mystique voire religieux. Deux anges s’échappant de l’enfer ?

Mais hélas elle est restée dans mon tiroir pendant trois ans car elle a eu le malheur d’avoir été réalisée avec un capteur numérique. Je ne peux toujours pas aimer une de mes photos si elle n’a pas été réalisée avec du film, oui c’est idiot mais c’est ainsi. Alors faute de vouloir et donc de pouvoir la mettre en cadre sur un des murs de ma maison, je suis tout de même bien content de la partager aujourd’hui.

Noël en septembre ?

Est-ce une idée des commerçants pour relancer les affaires en ville malmenées par une économie en vrille entre deux confinements ou est-ce juste un délire entre potes pour un enterrement de vie de garçon ou autre blague potache ? Le fait est que hier en amenant ma mère chez l’ORL j’ai vu et photographié ceci :

Ces pères noëls se sont baladés partout et sont entrés là où ils le pouvaient.

Bizarre… Et bien sûr rien dans les journaux de la presse locale, le mystère restera donc entier et c’est plus marrant comme ça ! 😆

Délire sous Photoshop

C’était il y a 8 ans presque jour pour jour. A l’époque j’étais dans un collectif de photographes avec lequel j’allais faire trois expositions publiques. On rigolait bien, on discutait beaucoup, trop parfois et mis à part cet habituel sentiment de ne pas être à ma place parmi eux, je passais de bons moments en leur compagnie. 🙄

Le 21 octobre 2008 je leur avais proposé de venir chez moi pour faire une séance de portrait en grand format pour illustrer notre nouveau site Internet. Cette photo a été prise dans mon labo, j’étais en train de faire des grimaces pas possible avec un maximum de flacons incongrus dans les mains dans le but de faire un délire sorcier maléfique. Mon pote Florian a fait le reste avec Photoshop… 😆

Aujourd’hui le collectif a explosé faute de trouver l’envie de travailler ensemble. Vers la fin on discutait de plus en plus sans jamais trouver d’issues pragmatiques et encore moins de projets. En ce qui me concerne, j’étais le moins écouté alors de guerre lasse j’ai été un des premiers à partir. Aujourd’hui je ne le regrette pas du tout, j’en avais marre de ces réunions avec restaurant obligatoire qui ne menaient à rien. La photo en solo c’est très bien aussi… :mrgreen:

Le passeur

Ma pratique de la photo et mon rapport plus qu’ambigu à la technologie font que je ne n’aime pas montrer les photos que je fais sans film car dans mon esprit, la facilité et l’immédiateté du numérique m’enlèvent à la fois le plaisir de la prise de vue et l’intérêt du résultat final. Du coup je ne les investis jamais sauf si elles sont liées à un souvenir important ou si elles prennent de façon voulue ou accidentelle une certaine dimension symbolique à laquelle je suis très sensible.

La photo ci dessus fait partie de cette dernière catégorie. C’était pendant une messe de la semaine sainte il y a une dizaine d’année (impossible de retrouver la date exacte, l’EXIF a été bouffé). A cette époque je m’amusais à prendre des photos de très mauvaise qualité avec mon téléphone histoire de renforcer ma haine de la photo numérique. Et là en faisant discrètement une photo de la procession et en regardant le résultat final sur mon écran d’ordinateur, j’ai tout de suite été frappé par la réussite de ce loupé.

Pour moi sur cette image, le prêtre aujourd’hui décédé est comme un passeur qui transforme les personnes de la procession en spectres qui finissent par disparaitre. La très basse vitesse due au manque de lumière et le mouvement ont donné ce résultat. Et si je n’avais pas dormi trois heures cette nuit j’aurai sans doute continué très longtemps sur la symbolique fantastico-religieuse de l’idée contenue dans l’image et mon début d’analyse, mais là il va falloir que vous le fassiez vous-même ! 😆

En bonne compagnie

J’ai toujours aimé les films d’horreur et lorsque j’ai découvert les films TROMA en hurlant non pas de terreur mais de rire, je ne pensais pas qu’un jour j’allais pouvoir rencontrer le fondateur de cette boite de production de films complètement barrés.

C’était il y a à peine plus d’un an, le dimanche 25 aout 2019 dans un cinéma de ma région. Lloyd Kaufman et sa femme était venus présenter un de leur grand succès le fameux Toxic Avenger un film bien trash qui parodie les codes des films de super héros.

C’était juste incroyable qu’une telle célébrité de la culture pop américaine viennent à la rencontre de ses fans dans une petite ville de l’Est de La France, alors pouvoir lui parler à lui et à sa femme et poser avec eux avec le masque du toxic avenger dans la main… C’était magique !!!

Un genre de magie que seule l’association des productions de l’impossible peut réaliser.

Sinon sur cette photo je ne remarque qu’aujourd’hui le fond placé là par hasard mais qui apporte tant à cette photo. A gauche le mot monstre pour la pub d’un dessin animé et à droite le mot famille. Une fois de plus ce n’était pas voulu mais cette mise en scène imprévue est plus que parlante, je suis en bonne compagnie dans une famille de monstres. Attention mais pas au sens négatif d’une créature dangereuse et hideuse, non plutôt au sens sympa du terme c’est à dire un être qui se démarque par ses choix. En anglais on dit freak et on parle de freaky people. Michael Franti chantait que All the freaky people make the beauty of the world Tout est dit ! 😎